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Interview Éditeur Piranha

1. Poisson d’assez petite taille vivant dans les eaux douces d’Amérique du Sud, réputé pour sa rapidité, son agilité et sa voracité.

2. Maison d’édition généraliste fondée à Paris en 2014, animé par une jeune équipe enthousiaste dirigée par Jean-Marc Loubet. La curiosité, l’exigence et le plaisir constituent la nourriture principale de ce Piranha.

Curiosité : Largement ouverts sur le monde, ses livres donnent à entendre des voix venues d’ailleurs, des points de vue culturels différents du nôtre, que ce soit grâce à la littérature pour raconter notre époque ou pour tenter de l’expliquer grâce aux essais.
Exigence : Le but est de faire découvrir aux lecteurs francophones des auteurs reconnus dans leur pays pour la qualité stylistique de leur oeuvre ou pour la rigueur scientifique de leurs recherches. Un soin particulier est apporté au choix des traducteurs pour restituer au mieux les textes originaux.
Plaisir : Une belle langue, claire et narrative et des choix exigeants de fabrication et de façonnage garantissent le plaisir de la lecture et font des parutions de Piranha des livres à dévorer.

Avec un rythme de parution d’environ 25 titres par an, la littérature contemporaine, l’histoire, les biographies, le policier et le thriller, la sciencefiction et la fiction populaire sont les principaux domaines qui constituent le catalogue de cette maison qui privilégie petite taille et vivacité…

Jean-Marc Loubet, des toutes nouvelles éditions Piranha, fondées en 2014 à Paris, a très gentiment accepté de répondre à quelques questions.

 

interview éditeur piranha

 

Pouvez-vous  présenter à nos lecteurs votre nouvelle maison d’éditions ?

Piranha est une maison d’édition généraliste créée par deux associés et dont les premiers livres ont paru à l’automne 2014. Généraliste, cela veut dire que nous publions aussi bien de la littérature, des essais (biographies, livres d’histoire, essais scientifiques de vulgarisation, livres d’actualité) et des fictions populaires (thrillers, polars, romans historiques). Nous avons prévu de publier en majorité des traductions depuis différentes langues (avec une prédilection pour l’allemand) mais sommes aussi ouverts aux manuscrits en langue française.

Le pari n’est-il pas risqué d’ouvrir une maison d’éditions dans un contexte économique comme le nôtre ?

Certes, le contexte n’est pas facile ! La crise est bien là et, depuis presque trente ans, les chiffres dans le secteur du livre ne sont pas encourageants… En même temps, la lecture est encore au cœur de notre société et l’offre n’a jamais été aussi vaste. Les importantes mutations technologiques que connaît ce secteur (le livre à la demande, la lecture sur tablette, les tentatives de monopole de certains acteurs en ligne) sont des défis que nous sommes prêts à relever en adaptant notre métier d’éditeur et principalement en étant à l’écoute des lecteurs eux-mêmes.

Que faisiez-vous avant d’ouvrir « Piranha » et pourquoi l’avoir fait ?

Mon associé travaille dans le marketing direct et pour ma part, je suis éditeur en sciences humaines depuis une vingtaine d’années. Nous avions tous les deux très envie de créer notre propre catalogue, de faire entendre des voix peu connues ici en France.

Pourquoi avoir un choisi ce nom ? Un pari perdu ? Une anecdote particulière ?

La question du nom est toujours délicate. Comme nous sommes en contacts permanents avec des éditeurs ou des agents littéraires étrangers, nous cherchions un nom qui pourrait s’entendre aussi bien à l’international qu’en France. Quelque chose de percutant et qui peut facilement être retenu : ce petit poisson carnassier ne jouit en général pas d’une très bonne réputation et choisir son nom peut frapper les esprits. En fait, il faut souligner qu’un piranha seul n’est pas dangereux, c’est quand il y en a plusieurs dizaines qu’il faut se méfier. C’est surtout un animal vif et rapide : ce que nous essayons d’être sur le marché international.

Aviez-vous des envies d’éditer des livres que vous n’aviez jamais vu ailleurs auparavant ?

Ce serait prétentieux de déclarer que nous allons éditer des livres jamais vus auparavant. Beaucoup de nos confrères publient des livres remarquables et ont une offre intéressante. Cependant, nous avons pu constater, et c’est ce qui nous a décidé à nous lancer dans cette aventure, qu’il y avait des zones culturelles qui étaient peu mises en avant en France. Je pense particulièrement à la production éditoriale de notre voisin allemand et plus largement à celle de l’Europe centrale ou à des langues plus « rares » comme l’arabe ou le chinois.

Avez-vous une ligne éditoriale bien précise ?

Notre ligne éditoriale est plus caractérisée par des mots clés (trois) que par la mise en avant d’un genre ou d’un style particulier. Je vous les livre tels que nous les avons développés dans notre « profession de foi ». On trouve donc d’abord la curiosité qui est (presque !) sans limites : largement ouverts sur le monde, nos livres donnent à entendre des voix venues d’ailleurs, des points de vue culturels différents du nôtre, que ce soit grâce à la littérature pour raconter notre époque ou pour tenter de l’expliquer grâce à des essais. Vient ensuite l’exigence : faire découvrir aux lecteurs francophones des auteurs reconnus dans leur pays pour la qualité stylistique de leur œuvre ou pour la rigueur scientifique de leurs recherches. Un soin particulier est apporté au choix des traducteurs pour restituer au mieux les textes originaux. Et enfin, last but not least, le plaisir : une belle langue, claire et narrative et des choix exigeants de fabrication et de façonnage garantissent le plaisir de la lecture.

Quand on regarde de plus près votre catalogue on s’aperçoit que vous avez déjà plusieurs ouvrages à votre actif malgré votre jeune existence ! Ce qui doit correspondre, si mes calculs sont bons à un livre toutes les deux semaines ? Est-ce un rythme que vous comptez garder ? Pourquoi ce choix ?

Oui, nous allons même un peu augmenter notre volume de parutions dans les prochains mois pour atteindre environ 30 titres par an (soit 3 à 4 titres par mois). La question de la taille est fondamentale. Nous avons décidé de mettre le maximum d’atouts de notre côté pour réussir le pari de créer une nouvelle maison d’édition. Cela passe par la constitution d’une équipe professionnelle pour accompagner chaque nouvelle parution (nous sommes 5 dans l’équipe) et donc par la création d’un catalogue à un rythme soutenu.

Si vous regardez les récentes sorties littéraires des autres maisons d’éditions, quel(s) texte(s) auriez-vous aimé publier ?

Il y en a beaucoup ! Et pas uniquement des traductions. Mais pour rester dans la spécialité de Piranha, je peux vous citer Le Fils de Philipp Meyer (Albin Michel), Il est de retour de Timur Vermes (Belfond) ou Le zélote de Reza Aslan (Les Arènes).

Après avoir jeté un coup d’œil à votre catalogue et aux sorties à venir j’ai vu apparaître quelques fois des thèmes similaires. La famille, le passé, l’adolescence ? Coïncidence ? Ou est-ce des thèmes qui vous touche particulièrement ?

Nous ne privilégions aucun thème particulier mais il apparaît que les thèmes que vous évoquez sont très présents dans la littérature contemporaine. Les racines, la famille, les années de formation font partie des thèmes privilégiés des écrivains actuels et c’est un phénomène mondial. Cette exploration du passé me paraît du reste indispensable pour parvenir à appréhender le monde actuel et surtout pour pouvoir avoir prise sur lui alors que nos repères sont très profondément brouillés par le phénomène de globalisation et d’indifférenciation auquel nous sommes soumis.

Si demain vous deviez éditer un immense coup de cœur mais qui présente des risques financier, le feriez-vous ? Si oui, pourquoi ?

Sans hésiter : oui ! Le privilège, la joie de ce métier, c’est de répondre au coup de cœur. Il me paraît difficile d’envisager l’édition sans aimer profondément les livres que l’on choisi et sans prendre de risques. Après l’emballement, il s’agit de retrouver une tête froide et de tout mettre en œuvre pour que ce choix se transforme en partage de la découverte.

Je suis un mordu de SF, une petite info sur une prochaine sortie ?

Avec plaisir ! Nous publierons au mois d’avril le grand roman de Charles Stross, Accelerando, dont le thème principal est la posthumanité et qui, bien que publié en 2005, n’avait pas encore été traduit en français. C’est Jean Bonnefoy qui s’est chargé de cette délicate tâche et le résultat est fantastique !

On vous laisse le dernier mot pour la fin ! Toute l’équipe de « Un dernier livre avant la fin du monde » vous souhaite une belle réussite !

Merci tout d’abord à l’équipe d’« Un dernier livre avant la fin du monde » d’accueillir notre toute jeune maison. Pour conclure, à quelques jours de l’épouvantable drame qui a macabrement inauguré cette nouvelle année, je voudrais simplement dire : « Dévorons des livres ! », c’est la meilleure réponse à l’obscurantisme.

À propos Ludo

Fondateur, Webmaster

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