Thomas Pynchon – L’arc-en-ciel de la gravité: mon top 5 peut changer suivant l’humeur, mais c’est le seul livre qui y restera. Pynchon possède une plus large gamme d’effets littéraires que n’importe quel autre écrivain que je connaisse. Il est souvent cité pour son érudition, mais les passages qui comptent le plus selon moi sont les véritables moments d’humanité qui ponctuent son récit d’éblouissement: par exemple, lorsque Slothrop vient à voir le nom de Tantivy dans un journal, tout simplement, dans une longue liste nécrologique.
Le cerf et le tripode – Louis Char (alias Jin Yong): Louis Cha est l’auteur chinois le plus lu encore en vie, ce qui fait de lui un des plus populaires auteurs dans le monde, mais malheureusement beaucoup de ses œuvres ne sont pas traduites en occident. Presque tout son travail est sur le Wuxia (art martial), avec des contes épiques, qui sont plus grands que la vie et des héros d’arts martiaux et« Le cerf et le tripode » commence comme ça, mais après une cinquantaine de pages l’auteur commence à retourner les particularités communes de ces précédents livres de manière hilarante, Nous présentant l’histoire avec un antihéros immoral mais charmant sans compétence en arts martiaux. C’est un long roman, mais l’intrigue est réglée comme une horloge. L’équivalent occidental auquel je puisse penser serait Tom Jones.
Alexander Theroux – Darconville’s Cat: Ce roman explore le concept “D’amour et de haine” de manière plus rigoureuse, plus approfondie que tout autre auteur que je connaisse. C’est un livre drôle. C’est aussi un livre cruel. Il est alimenté, en partie, par la colère de Théroux face à une femme qui l’a délaissé dans la vraie vie, il intègre même en acrostiche le nom de cette femme dans le roman. Il comporte un chapitre de 21 pages sur une liste de femmes historiques ou fictives infidèles. Il y a un chapitre de 10 pages répertoriant tous les livres de « la bibliothèque misogyne ».Il emploie la forme du poème, de la fiction, de l’essai et du discours classique, il noircit ses pages à la manière de Trisam Shandy, il crée des tas de nouveaux mots à partir de racines grecques et latines quand le langage actuel échoue, et cette satire est impitoyable. Mais la haine est seulement la moitié de l’histoire. C’est beaucoup plus, bien entendu, mais cette partie est ce qui le rend si grand.
Dave Sim & Gerhard – Cerebus: Dave Sim a commencé à écrire et dessiner Cerebus en 1977, en 1979 il a annoncé que ce serait un roman graphique de 6000 pages se terminant par la mort du personnage principal dans le numéro 300, sorti en mars 2004. Et c’est exactement ce qui s’est passé. Comme « Darconville’s Cat » c’est un livre stylistiquement varié qui ne craint pas d’expérimenter avec la forme (il y a des sections de texte long, y compris un gros passage sur la Genèse, il ya des moments où l’œuvre tourne lentement jusqu’à ce que finalement la bande dessinée soit à l’envers), et ce n’est pas toujours facile à lire. Les vingt-cinq premiers numéros sont assez amateurs, en fait (même s’il est possible de commencer avec le numéro # 26, recueilli dans un volume intitulé “High Society”), les choses vont un peu déraper lorsque Sim va se rapprocher du numéro # 200. Le numéro # 186, en particulier, contient une longue diatribe qui lui a valu une réputation de misogyne, et quelque part dans le numéro 220 Sim a commencé à développer sa propre religion idiosyncrasique. Cela dit, au cours de ses trois cents numéros, il est tour à tour hilarant, déchirant, ennuyeux, excitant, fait grincer les dents, après réflexion, il est tout à fait unique. Cela parle de sujets comme les élections, la religion, la sociologie, la littérature (il contient les apparitions d’Oscar Wilde, F. Scott Fitzgerald, la culture pop, et de la philosophie). C’est une réussite indéniable incroyable. C’est également à propos d’un orycterope anthropomorphe dans un monde quasi-fantaisiste où tout le monde est humain.
Alasdair Gray – 1982, Janine: Gray a écrit son propre quatrième de couverture pour ce roman, c’est son second roman : c’est également son second roman daté qui se soit développé dans la tête d’un superviseur en installation de sécurité vieillissant, divorcé, alcoolique et insomniaque qui vivait chichement dans une petite chambre d’hôtel écossaise. Bien que le roman soit plein de souvenirs déprimants et de propagande pour le parti conservateur, il est principalement une fantaisie fétichiste sadomasochiste. Même l’arrivée de Dieu dans les derniers chapitres ne parvient pas à élever le ton. Tous les excès stylistiques et moraux dont les critiques se sont forcées d’ignorer dans le premier livre de l’auteur, « Lanark and Unlikely Stories », se trouve ici sous forme concentrée. Cela le décrit assez bien, en fait, il est trop modeste. Ce livre a le « climax » le plus émotionnel que j’ai pu lire dans n’importe quel livre. Il est l’un des rare roman dont j’ai du me remettre physiquement. Il emploie également la typographie pour des effets étonnants (Gray a conçu le livre lui-même).