Contrairement à tous ses camarades, Thomas avance dans la vie à reculons. Difficile de regarder l’avenir en face quand on a quinze ans et qu’on est porteur du VIH. Ses parents ont fait jurer le secret au proviseur : aucun élève ne doit savoir que leur fils est séropositif.
Rentrée des classes, Elsa et ses amies passent les nouveaux venus au crible. Un grand brun aux yeux couleur océan attire leur attention. Ce n’est autre que Thomas, évidemment, qui devient vite “le Grand Bleu” pour Elsa. Entre eux deux l’attirance est réciproque mais quand le secret de Thomas est dévoilé au grand jour, tout bascule. À peine le secret éventé tout le collège est au courant et pour lui ça devient l’enfer. “Hostiles, compatissants, curieux, goguenards, qu’importe (…) Ces regards SAVENT. Et ces regards le brûlent”.
La peur et l’ignorance prennent le dessus et cette situation n’est pour lui qu’un éternel recommencement qui le plonge dans un sentiment d’impuissance intolérable. Il ne veut ni du mépris ni de la pitié des autres, il veut juste être traité comme tout le monde. Mais son diagnostic médical semble se refléter dans tous les regards qu’il croise, dans toutes les attentions qu’on lui adresse. C’est la colère qui l’envahit alors : il va leur prouver qu’il n’est pas qu’un petit être fragile et sans défense…
Écrit il y a vingt ans, La vie à reculons reste une référence en littérature jeunesse, notamment parce que le thème est, aujourd’hui encore, un sujet épineux. Gudule s’attèle ici à faire tomber les nombreux préjugés et à couper court aux raccourcis, encore trop souvent empruntés, concernant le sida. Évidemment les choses sont plus compliquées qu’elles n’en ont l’air, en terme de discrimination, les bonnes intentions font parfois autant de mal que les mauvaises…
Anne Liger-Belair, Belge francophone, est décédée en mai dernier mais laisse derrière elle (et devant nous) une œuvre abondante que ce soit pour la jeunesse (sous le pseudonyme de Gudule) ou pour les adultes (sous le nom de Anne Duguël).
éd. Le Livre de Poche Jeunesse, 1994
219 pages
Pauline