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James Ellroy – Un tueur sur la route

« Tout ce qu’exigeait ma mère, c’était que je maintienne un niveau raisonnable de silence et que je ne lui encombre pas l’existence de questions sur ce qu’elle pensait. S’y ajoutait son désir implicite que je sois discret en classe et à la maison comme dans mes jeux. Si elle considérait ses diktats comme des punitions, elle avait tort : dans ma tête, je pouvais aller où je voulais. »

Martin Michael Plunkett, l’innocent Martin, va se révéler être le plus grand « tueur sexuel » des États-Unis d’Amérique. En parcourant les routes américaines, au gré de ses rencontres et des victimes qu’il va laisser sur son chemin, Martin va peaufiner son art, se comprendre de plus en plus et surtout devenir une légende. Enfermé dans sa cellule, M.Plunkett raconte dans cette biographie son histoire.

Cette vraie fausse biographie, un tueur sur la route, fait rentrer le lecteur dans la tête d’un tueur en série. Une sorte de parcours initiatique et surtout une analyse de l’état d’esprit et des convictions d’un assassin. De ses origines à ses débuts maladroits, de l’achat de son premier camion à la rencontre dans un motel d’un frère d’arme, de la fuite à l’écriture de sa biographie en prison, toute la vie de Martin Michael Plunkett est passée au crible et finement analysée par la plume de James Ellroy. L’immersion est totale et, ce qui est très fort, le lecteur comprend la logique du tueur et finit même par le trouver « sympathique » et humain.

« Je dégrafai ma hache – auto-affutâble, acier brossé et revêtement de téflon – et la balançai en direction de son cou. La tête fut sectionnée d’un coup net, le sang jaillit, les bras et les jambes s’agitèrent de soubresauts spasmodiques ; puis son corps tout entier s’effondra en tas sur le sol. La force du coup qu j’avais donné me fit tournoyer, et pendant une seconde j’englobai dans ma vision la scène dans son entier : les murs éclaboussés de sang ; le reste du cou d’où jaillissait un geyser artériel, le cœur continuant à pomper par réflexe… »

Tout le long de ces pages, le texte, tel une œuvre biographique se révèle être un parfait docu-fiction sur un tueur en série qui aurait sévi aux États-Unis. Mais James Ellroy n’en n’oublie pas pour autant ses lecteurs, et surtout son amour du polar, en offrant de grands moments de littérature comme personne d’autre de sa génération ne sait faire.

Un texte court et intense, une écriture nette, sans bavure et sans détour, mais jamais gratuite. Une plume qui permet d’être au plus près du personnage, de mieux rentrer dans sa tête et de comprendre son univers. Un roman à ranger au côté du classique de Jim Thompson « The Killer inside me » et le « American Psycho » de Bret Easton Ellis.

Il s’agit très certainement, hors Quatuor L.A et Underworld USA, d’un « one shot » intense et d’une réussite complète pour James Ellroy, un roman donc à lire et à partager.

tueur sur la routeRivages/Noir,
Trad. Freddy Michalski
326 pages.

Ted.

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Fondateur, Chroniqueur

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