Doggybags est une revue lancée par Run (Mutafukaz, Label 619) en 2011. La volonté de l’équipe de Doggybags est de ressusciter une certaine forme de bande dessinée en format revue pour adultes. Pour adultes comprenez Tarantino, Rodriguez, les films d’action des années 80, les loups garoux, vampires, etc…
La bonne grosse culture pop adulte qui tache avec des nibards, de l’alcool et de la drogue.
Diffusée par Ankama éditions, la revue en est à son septième tome (on ne compte pas le South Central Stories de Neyef), après un numéro spécial « Heartbreaker » avec Céline Tran (Katsuni) aux manettes, la formule classique revient pour ce septième numéro. Trois histoires, une trentaine de pages chacune, un scénariste et un dessinateur par histoire.
Alors que vaut ce septième numéro ?
Outre le toujours aussi drôle édito et le courrier des lecteurs, nous sommes toujours en territoire « Doggybags ». Du sexe, du sang, de la baston, des bestioles bizarres, des dialogues affutés et une ambiance rock n’roll à souhait.
« Welcome home Johnny » emmené par la plume de Run et le coup de crayon d’Amoretti, raconte le retour d’un soldat d’Irak dans son bled natal paumé, sorte de fief de « redneck » bouseux. Un retour qui ne se passe pas comme prévu, une remarque sans incidence pour le soldat Johnny, mais qui ne passe pas inaperçue pour les habitants de Crane. Une nuit d’ivresse et de drames, un conte moderne à la morale lourde de sens.
La seconde histoire « Lupus » écrite et dessinée par Hasteda et Mëgaboy, s’intéresse à une nuit d’épouvante dans un resto routier perdu au milieu des Carpates, une nuit d’orage, une nuit où les légendes peuvent prendre vie à tout moment. Le dessin nerveux et l’histoire dense et rock n’roll est du même calibre que les comics d’un autre duo : Steve Niles et Ben Templesmith et leur « 30 jours de nuit ».
Pour finir la troisième histoire, « Wintzkowka » de Hasteda et Bablet. Des souvenirs d’un drame, une expédition dans les grandes forêts de conifères nord-américaines. Une quête, une promesse qui va mener à un affrontement dantesque. Les légendes amérindiennes n’auront pas eu autant de classe depuis un certain tome d’Hellboy.
Cette revue est totalement à part dans le paysage BD français. Ce septième tome confirme que Doggybags est une revue qui devait exister et doit vivre encore longtemps, des auteurs talentueux à chaque numéro, des dessinateurs qui envoient du lourd à chaque fois. Les fausses pubs, les anecdotes en rapport avec les histoires racontées dans le numéro et le travail de mise en page élèvent l’objet « revue » à d’objet de collection.