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Olivier Saison – Sade à Acapulco

Le marquis des fantasmes les plus osés et inavouables, Sade le grand maître des cérémonies les plus libertines que le royaume de France ait connu. Donatien le vilain et philosophe, le conteur de mille supplices pour le plus grand plaisir de la chair. L’auteur de Justine, des 120 journées de Sodome ou Aline et Valcour, n’est pas mort dans l’asile de Charenton en 1814.
Bien au contraire, le marquis a pris la tangente et s’est expatrié à Acapulco, oui oui, Acapulco cette ville portuaire et paradisiaque du Mexique. Donatien a ouvert une librairie et vend des volumes de faux journaux de bagnards, confidences d’esclaves, registres de commerce non validés par les officiers du Trésor, des livres d’algèbres, d’astronomie, de recueils de chants, des recettes de cuisine, j’en passe et des meilleurs.
Ayant échangé sa vie de débauche pour le calme et la douceur d’Acapulco, le marquis mène une vie incognito. Mais la rencontre avec la mystérieuse Irène, mulâtre des plus enivrantes, ainsi que d’une autre femme, cette fois-ci européenne, va réveiller certains appétits chez le marquis et ce n’est pas son étrange machine importée d’Hollande qui va l’en empêcher.

« Je suis Sade. À Acapulco. »

Autant le dire de suite la malice et la démesure d’Olivier Saison est de mise, et le Marquis de Sade aurait très bien pu être un personnage inventé par ses soins, s’il n’avait pas existé. Le verbe est malin et transporte le lecteur là où ça lui chante, lui soufflant contes et sornettes, l’égarant par moment pour mieux le surprendre à d’autres. Il est assez surprenant en lisant Knut qui fut l’un de ses premiers romans et de lire son tout dernier quelques mois plus tard. La plume de l’auteur s’est affutée, le style a évolué, s’est enrichi, s’est diversité. La narration a gagné en puissance et en nuances, le texte est élégant, drôle et fin.

« Dans son homélie, le prêtre l’avait appelée « Irène ». Prénom chrétien qui, à ne se fier qu’à sa démarche gracile, semblerait presque vraisemblable. C’est une mulâtre, une sang-mêlé. L’Européenne la plus habile ne cheminerait pas si aisément parmi les palmiers, trop peu fournis pour se servir de perchoir aux serpents. Esquive les mares, ne prend le temps de cueillir aucun fruit. Il se fait tard : la nuit dans la jungle est un piège qui se referme vite. Ele sait que je la suis, sinon elle m’aurait déjà perdu. Dans cette jungle je ne sui qu’un nourrisson.
Sade, quittant sa cité. »

Mais Olivier Saison en décidant de s’attaquer à un personnage historique, et en le plaçant dans une uchronie, n’a pas pour autant oublié l’univers du marquis. Les clins d’œil à son œuvre et à sa vie sont légion, et c’est un Olivier Saison très documenté qui livre ce roman d’aventure burlesque et néanmoins intelligent.

Un roman court, mais riche. Un marquis sympathique et alerte, qui s’émerveille par ce nouveau monde et cette nouvelle vie qui s’offre à lui. Olivier Saison avec « Sade à Acapulco » confirme tout le bien qu’ « Un dernier livre avant la fin du monde » pensait de lui. Un auteur français à part, un auteur talentueux qu’il serait dommage de rater.

« Sade gong! Sade gong! »

P.S: vous pouvez vous ruer sur la nouvelle inédite d’Olivier Saison juste Là!

Osaison coverCambourakis,
144 pages.

Ted

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Fondateur, Chroniqueur

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