« Se balader à Booming était comme se balader dans un tableau. C’était comme sortir par la porte du fond des « Ménines », comme éviter les balles du « Cinco de Mayo », comme passer sous le Christ crucifié de Grünewald. »
Retour de l’explorateur littéraire Mika Biermann. Après un très remarqué « Blanc » édité chez Anacharsis en 2013 et « Mikki et le village miniature » édité chez P.O.L en 2015, l’auteur multi-facettes continue son exploration du paysage littéraire en s’attaquant cette fois-ci aux codes du western, mais pas un western classique et linéaire, mais bel et bien un western quantique !
Le quantique c’est fantastique !
Lee Lightouch et Pato Conchi (on pourrait penser à deux personnages tout droit sortis de l’univers de Thomas Pynchon) sont associés, bien malgré eux, enfin bien malgré l’envie d’un des deux, dans la recherche de Conchita, la compagne de cet affreux mexicain, euh… colombien pardon, agitateur compulsif de la machette (Conchi himself !). La rumeur parlerait du Kid Padoon (ah ! encore un nom qui envoie !) ayant kidnappé la douce Conchita pour l’emmener dans la mystérieuse ville de Booming.
Malgré les avertissements – « Il n’y a rien là-bas, personne ne va jamais à Booming, prenez un bonbon. Je ne crois pas que là-bas, Ils en aient. »- les deux aventuriers et bien… s’aventurent !
Une rencontre étrange avec une sculpture pour le moins bizarre et un vieux avec un lapin vont les mener tout droit à Booming, ville des plus quantiquement irresponsable et qui ose se jouer des balles et du temps qui passe.
Récit d’aventure qui se veut aussi un joyeux foutoir, à l’image de la ville de Booming et de ses nombreuses incohérences, la narration est faussement linéaire et alterne les sauts et retours temporels. Une sensation d’étrangeté et d’irréalité pimente cette histoire à priori simple, deux cowboys, une dulcinée, une ville hostile, pour en faire un récit des plus bancal et original. Que ce soit par les scènes surréalistes que l’on pourrait croire tout droit sorties d’un tableau de Dali ou les points de vue et opinions des personnages, le lecteur nage en plein trip sous acide.
Un roman court, drôle, mais également un roman faussement complexe qui peut dérouter certains lecteurs. Dans tous les cas Mika Biermann continue à surprendre avec son parcours littéraire.
« -Un grand amour rentre dans une petite tombe.
-Qui dit ça ?
-Dicton colombien. »
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