On a l’air de chercher tous les ans le nouveau prodige venu de l’autre côté de l’Atlantique, il est possible qu’on ne se soit pas totalement plantés en 2007 avec Marisha Pessl, découverte avec la Physique des Catastrophes.
Intérieur Nuit, son deuxième roman, est un thriller assez classique, dont la machinerie est augmentée de gros gadgets tout à fait réjouissants : coupures de journaux, articles issus d’internet, pages wikipedia, emails, photos… Marisha Pessl sort l’artillerie lourde pour nous faire entrer dans le mystère de la mort de la brillante fille de Stanislas Cordova, un réalisateur à mi-chemin entre Kubrick et Argento, l’auteur sombre des films les plus terrifiants jamais réalisés. La chance de Pessl, c’est d’avoir eu l’idée de cette figure ultra-mythique, qui lui permet toutes les fantaisies. Une fois cette personnalité inventée, elle a une grande latitude pour dérouler ses nombreuses bobines dans plusieurs directions : fascination pour le cinéaste, club de fans, projections secrètes, théorie du complot, manoir gothique isolé, rumeurs de snuff-movies, sorcellerie… Le décor se plante de lui-même.
C’est Scott, un journaliste sur le retour, qui va essayer de percer le mystère de cet apparent suicide, aidé par deux jeunes gens qui ont connu de près ou de loin la jeune fille. Heureusement pour nous, la menace rôde, puisque l’homme est déjà auteur d’un livre sur Stanislas Cordova qui lui vaut l’inimité éternelle du mystérieux cinéaste.
En débutant cet épais roman, on s’attend à une construction plus torturée : en réalité la ligne de l’enquête est très droite et classique. Pessl ne s’encombre pas longtemps de mystères qui bloqueraient le cours du récit, les choses sont vite résolues pour s’enfoncer à chaque fois un peu plus dans la confusion la plus délicieuse. Car c’est cette confusion, plus que l’enquête, qui est l’intérêt du roman.
La jeune Ashley n’est plus, mais se fraie un chemin de plus en plus profond dans notre imagination, tour à tour créature paranormale, génie de la musique classique, ado dépressive. Pessl joue avec toutes les imagineries qu’elle convoque pour manipuler le lecteur, qui finit, comme le héros, par ne plus savoir ce qui est de l’ordre de la réalité ou du fantasme, vers une dernière partie assez époustouflante dans laquelle le pauvre journaliste se retrouve bien secoué.
Il y a cependant quelques défauts, à commencer par l’usage abusif de l’italique, sans qu’on comprenne exactement pourquoi. Le livre est aussi parfois un peu bavard, comme une série dont on aurait contractuellement exigé vingt-quatre épisodes , mais l’univers fonctionnant parfaitement, on finit par accepter ce rythme un peu étiré, on respire pendant ces scènes un peu longues, jamais laissés trop longtemps sans action ou retournement de situation.
Rien qui justifie, donc, de passer à côté d’un des bouquins les plus prenants de cette rentrée !
Ecoute, j’espère ne pas être trop chochotte quand même (je crains qu’il fasse peur), mais il me tente énormément ce roman, je l’ai offert à Val pour son anniversaire, j’attends son retour. Je trouve ça génial d’inventer une figure mythique 😉
Je vais essayer de te suivre par ici maintenant 😉
Ravie de te voir ici !
Il ne fait pas peur je trouve ; il est juste prenant 🙂
Parfait alors, il est noté…
bises