Ce livre est plein d’araignées, c’est d’abord une jaquette au jaune criard, une typographie aveuglante, une mise en garde à vous décrocher le sourire et peut-être bien vos premiers frissons. David Wong vous plonge d’emblée dans le bain, un seul regard et vous avez déjà embarqué sans le savoir, tête la première.
Un soir, au beau milieu de la nuit – dans la vie presque banale de David Wong – une araignée géante mais invisible, lui mord la jambe. Commence alors un combat sauvage, drôle et gore, entre un Dave hystérique et un monstre ultra-déterminé. C’est à peu près comme ça que tout a commencé, de manière géniale, décalée. Un joyeux bordel parfaitement maîtrisé qui nous mène toujours là où David Wong veut, au cœur d’un mélange des genres, burlesque et captivant.
Des araignées, visibles seulement par une partie infime de la population, prennent donc possession de corps humains qui leur servent d’hôtes. Ces derniers deviennent alors ultra-violents et très difficiles à dessouder. Une histoire d’araignées ou de zombies ? Ni l’un, ni l’autre ou peut-être les deux. L’auteur alterne de façon brillante, les scènes drôles à la limite de la parodie et les instants de grands frissons. La scène dans laquelle Dave se retrouve « captif » d’un centre de soins est vraiment enivrante et horrifique, on y est à 250%, adrénaline illimitée comprise.
« Non une seconde, il y avait un léger bruit. Pas un bruit de pas. Un raclement, une courte pause, puis un autre. Le rythme irrégulier d’une personne qui traîne ou essaie de porter une charge encombrante, ou alors qui tente de marcher malgré une grave blessure à la jambe. […]
J’appuyai encore une fois sur le bouton 1. Le bouton de fermeture des portes. Le bouton 1. J’écrasai les boutons couverts de ruban adhésif. Tous, en même temps.
« Walt. »
Ce bruit humide qui s’approchait de moi en raclant le sol. Je l’entendais parfaitement maintenant, à moins de trois mètres. Il accélérait.
« Walt. Walt. Walt. »
Les portes se refermèrent. »
La langue est riche, débordante d’un imaginaire qu’on suppose immense. Le rythme est d’une jolie fluidité et ne se retrouve jamais enchevêtrée par le capharnaüm environnant. David Wong n’arrête jamais de donner de l’énergie et de la force au texte, il est impossible de s’ennuyer, l’auteur ne vous laisse aucun répit. Et il faut bien le dire, ça fait du bien ! Enfin, c’est à l’effet de surprise et l’envie de toujours régaler le lecteur, qu’il faut bien décerner la palme. Comme dit plus haut, David Wong vous emmène où il veut, c’est lui le maître alors, ne tentez pas de lui résister et faites vous plaisir !
Éditions Super 8
Traduction : Charles Bonnot
Septembre 2015
560 pages
Toujours aussi originaux, les publications de Super8 ! Il me tente bien celui-là