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Matías Crowder – La Dune

La Dune est un texte court et efficace, de la sauvagerie naturelle de la colonisation aux mouvements surnaturels d’une dune qui semble accomplir la vengeance d’un peuple.

Entre rapport de faits, récit et rêves étranges, Matías Crowder nous plonge progressivement dans le passé pour tenter d’expliquer un mystérieux phénomène qui touche Trenque Lauquen et ses environs au cours de l’année 1887. Du prêtre Benjamín Coto à Buenos Aires au cardinal Macheratti à Rome, tout deux dépositaires de visions troublantes, l’histoire se transmet et s’immisce dans le sommeil agité comme des grains de sable entre des feuilles de papier.

“On dit que nombreux d’entre eux serons envoyés à l’usine de sucre (…). On dit aussi qu’ils en feront des soldats. Qu’ils transformeront les hérétiques en chrétiens, les sauvages en hommes.”

“On dit que la peur et le poids de tout le mal que nous avons fait sont comme le sable qui glisse entre les doigts : nous aurons beau l’enfouir, il remontera tôt ou tard à la surface.

On dit qu’il y a tant de sable qu’il forme une dune, une dune qui brûle les champs, tue les animaux et sème la terreur dans l’âme des gens. Lorsque la dune arrive c’est l’heure de vérité.”

C’est donc à travers un subtil mélange de légende et de faits historiques que Matías Crowder revient sur la Campagne du Désert menée par le général Roca vers la fin du XIXe siècle dans la province de Buenos Aires.

À la tête de troupes armées, il écume cette vaste étendue désertique à la recherche de nouveaux territoires à peupler et de rebelles à tuer. La guerre entre Indiens et huincas, comme les appellent les indigènes, se traduit par des affrontements d’une extrême violence. Les premiers finissent morts ou esclaves. Les seconds morts ou libres.

Conquis dans le sang et la terreur, ce territoire, divisé entre les soldats qui ont combattu, apparaît comme une juste récompense pour eux et leur famille. Mais cette terre dont ils étaient avides ne se laisse pas dompter aussi facilement. Trois ans après les dernières confrontations, les nouveaux propriétaires et leurs parcelles de terre cultivée sont victimes d’un fléau inexplicable : une masse de sable vivante qui s’élève et s’abat sur les champs et les maisons, enflammant tout sur son passage.

“La dune brûle la terre sur laquelle elle se pose, elle empêche toute culture de se développer, même le fourrage qui sert à nourrir le bétail. Quand elle se retire enfin, aussi mystérieusement qu’elle est arrivée, s’évanouissant dans la pénombre tel un Indien dans la nuit, tout est réduit est cendre.”

Phénomène climatique ou malédiction ? Aucune explication plausible ne saurait en éclaircir les causes, mais certains semblent détenir une part de vérité. Tels que Ceferino, jeune indien exilé en Italie pour y suivre une éducation religieuse et hanté par l’histoire d’un peuple qui coule dans ses veines. Ou l’instituteur Abelardo Cerdá, ancien soldat reconverti en maître d’école. Sans oublier Sabano…

La dune - Matías Crowderéd. La dernière goutte, 2016
103 pages
traduit de l’espagnol (Argentine) par Vincent Raynaud

Pauline

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Chroniqueuse

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