Winioux. Derrière ce mot mystérieux et tout doux se cache le jeu de deux amies d’enfance: Marion Fournioux et Rafaèle Wintergerst, qui a grandi pour finalement devenir un beau projet autour du Livre en 2010, dont le mot d’ordre est “Publions peu, publions bien!”.
Monstre Rose d’Olga de Dios est une double découverte-mignonne, qui m’a permis d’appréhender l’univers de l’illustratrice ainsi que celui des deux fondatrices de cette maison d’édition, à découvrir pour sa poésie et son engagement auprès des enfants et de la littérature jeunesse.
Alors qu’il n’était encore qu’un oeuf, Monstre Rose était différent des autres. Aussi énorme que poilu, il ne ressemble en rien à ses camarades minuscules et chétifs et détonne par sa couleur fluo au milieu de l’univers où il évolue.
Monstre que de par l’appellation, il est au contraire bien plus sympathique que ses amis que le bec empêche de rire et qui semblent plutôt enclins au sérieux qu’à l’amusement.
En effet, dans son pays, tout est blanc et petit, à l’image des citoyens tête-de-piaf qui y habitent. Rien n’est adapté à la carrure du personnage: les arbres fléchissent sous son poids, sa couleur l’empêche de gagner à cache-cache à chaque fois et sa maison est si petite qu’il dort en la serrant dans ses bras.
Il dort, Monstre Rose, en rêvant à un endroit différent comme lui, un ailleurs plus joyeux, où son rire tonitruant trouverait un écho autre que le silence et où sa couleur s’assortirait à d’autres teintes chatoyantes.
Pas trouillard, il quitte ses amis binoclards enfermés dans leur zone de confort ouaté et sans éclat, et vogue, roule, marche, toujours plus loin. Il découvre des choses magnifiques et étonnantes, pour finalement arriver dans une contrée où la différence est célébrée.
Monstre Rose, c’est l’histoire d’un bonhomme sympathique qui se sent un peu étranger et étriqué dans le monde où il a grandi, où rien n’est fait pour lui mais où tout suit un schéma unique et identique dédié à la majorité. Apologie simplifiée des piliers nécessaires à la fondation d’une société saine et ouverte vers les autres, c’est un beau moment de lecture autour de la brève aventure d’un personnage qui décide de prendre les choses en main pour trouver un endroit où il pourra vivre et rigoler de joie, bref être pleinement lui-même.
Niveau texte, Olga de Dios ne cède pas au blabla moralisateur mais prend plutôt le parti d’une fable légère où le protagoniste poilu agît de lui-même pour trouver son bonheur, sans être chassé ou poussé par quiconque, allant même jusqu’à inviter ses “amis d’enfance” tout blanc à venir le rejoindre dans le petit coin de Paradis chatoyant qu’il s’est déniché et où tout le monde a la possibilité d’être épanoui tel qu’il est.
A l’aide de phrases simples facilement compréhensibles par les petits, l’auteure parvient à un rendu où tout est équilibré et épuré. Les illustrations semblent être réalisées par des petites mains créatives, appuyant la joie de vivre de Monstre Rose, dont le physique et le comportement détonnent dés les premières pages au milieu de l’univers incolore où il évolue, où tout a l’allure de fils de fer. Petit à petit, les couleurs s’accentuent, du bleu et du jaune viennent tenir compagnie et transcender le rose, tout d’abord avec la découverte d’un arc-en-ciel puis d’amis câlineurs, rouleurs et amusants.
Sur fond lavis et à grand coup de crayons, Olga de Dios nous offre un petit livre célébrant des valeurs positives et jolies, à l’aide d’un texte simple et bien choisi et d’illustrations naïves et dynamiques, qu’elle dédie savoureusement à “toutes les personnes qui se sont déjà senties Monstre Rose”.
Editions Winioux
29 pages
Caroline