Aujourd’hui, je vous propose un petit saut en arrière avec cette série que tout le monde devrait connaitre tant elle déborde d’humour et de références.
Tout d’abord, reprenons du début: Sentaï School c’est avant tout un fanzine qui a été crée en 1999, Philipe Cardona au dessin et Florence Torta au scénario, puis qui a été entièrement remodelé et re-scénarisé pour apparaître mensuellement dans Coyote Magasine, véritable Bible de papier glacé pour les adeptes du Manga et de la culture japonaise. Après une édition sous forme de 5 tomes aux éditions Kami, l’Ecole des Héros a été de nouveau publiée en 2015 grâce à un projet Ulule lancé par ses deux créateurs.
Vous l’avez compris, cette série revient de loin et je pense qu’il est grand temps de lui rendre hommage en incitant de nouvelles personnes à la découvrir!
Sentaï School, ce sont les aventures farfelues d’une bande de copains qui étudient au sein de la prestigieuse Ecole des Héros, fleuron de l’élite qui défendra la veuve et l’orphelin des griffes du mal.
On suit donc le quotidien de Toâ: le gourmand placide et bon vivant, Ken Eraclor: robot humanoïde abandonné aux orties par son créateur, Keiji: jeune garçon fan de tout ce qui est doux, d’aspect mignon et qui vit un peu dans le monde des Bisounours, sa soeur Bibi qui est ultra-timide et ne parle pas mais qui se révèle être totalement schizophrène, Duke: le hippie peinard de la bande, toujours prêt à entonner une mélodie pour calmer les moeurs, Hongô: jeune ado enveloppé de ténèbres, qui se complet dans son rôle de gars torturé pour excuser son caractère de cochon et enfin le Chibi Goldo, étrange créature kawaï à souhait et qui se trouve avoir des traits de ressemblance avec le célèbre Goldorak… au niveau du casque seulement.
Ces 6 jeunes vont nous faire découvrir leur établissement scolaire où tout le monde, élèves comme professeurs, est totalement fêlé de la carafe. Les situations absurdes et explosives s’enchaînent sans cesse à travers les courts chapitres qui constituent les 5 tomes, où l’école ne cesse de péter, où nos héros en herbe ne sont jamais à court d’idée pour contrer les plans de l’Ecole des Méchants, quitte à ravager la moitié de la ville pour stopper un vilain pas dégourdi.
Je ne me rappelle pas avoir autant ri à la lecture d’une bande-dessinée. A chaque page, chaque case même de Sentaï School, c’est un fou rire assuré. Il y a un fourmillement de détails incroyables, les répliques sont magiques, les situations parfaitement absurdes, les personnages attachants par leurs défauts et leur bêtise sans borne… Pourtant, Philipe Cardona et Florence Torta ne tombe jamais dans le gnangnan bien que le ton général soit assez bon enfant.
Et le plus beau là dedans, ce sont les milliers de références qui se déversent au fil des pages. Car si l’idée de base gentils-pas-dégourdis vs méchants-pas-intelligents ne semble pas casser trois pattes à un canard, c’est sans compter sur l’aspect parodique à souhait de cette série.
Des personnages issus de Marvel, DC Comics, des films d’horreur, de la Petite Maison dans la Prairie, des Mangas tels que Rémi sans Famille, Albator, Ulysse 31, des séries américaines ou encore des blockbusters, sans parler de personnes réelles, tout y passe avec une ingénuité et un humour à toute épreuve. Ce joyeux Melting Pot donne lieu à des situations improbables, des répliques magiques et surtout à un réel plaisir: celui de jouer au repérage des références disséminées à chaque case. Je me souviens avoir lâcher des “Olala énorme!” en reconnaissant un personnage qui vient pointer le bout de son nez ou de son gun en plein milieu d’une scène qui n’a rien à voir.
Ce qui fait également le charme de Sentaï School, c’est aussi le mix parfait du style Manga à celui de la Bande-Déssinée Franco-Belge. Par le trait encré tout en noir et blanc, l’utilisation de trames et le design des personnages très Chibi (grosse tête sur petit corps, grands yeux, expressions mignonnes très caricaturales…) Philipe Cordona et Florence Torta ont su véhiculer leur passion pour le manga, alors que la dynamique de la mise en page et la découpe des cases garde une empreinte européenne très marquée. Il est rare de voir des productions française dessinée façon bd japonaise qui fonctionnent aussi bien, jonglant avec les deux styles et les deux univers sans tomber dans le copié-collé raté.
Malgré le fait que les chapitres ne se suivent pas, on peut tout de même suivre l’évolution des personnages, que les deux auteurs ont su développer et étoffer petit à petit. On s’attache réellement à cet univers pétaradant et surpeuplé et l’on sent à quel point ce projet tient à coeur au dessinateur comme à la scénariste.
Ne vous attendez pas à trouver de moral ou de bon-sens entre les murs de la Sentaï School. Ici, on rit à l’absurde, l’extrême sans limite, et surtout, on prend un plaisir fou à retrouver les gentils et les méchants des décennies précédentes sous un nouveau jour savoureux.
Alors n’hésitez plus et procurez-vous rapidement un tome de cette série déjantée pour exploser de rire et de nostalgie parodiée avec tendresse.
5 tomes
Caroline