Nous les robots est un recueil de nouvelles écrites par le grand maître de la Science Fiction Isaac Asimov. Le biochimiste américain, à l’imagination débordante et au sens critique aiguisé, nous embarque avec ses étonnantes histoires de cerveaux positroniques rédigées de 1939 à 1988 dans les interrogations et les craintes de plusieurs années d’Histoire humaine.
LES TROIS LOIS DE LA ROBOTIQUE
Première Loi
Un robot ne peut nuire à un être humain ni laisser sans assistance un être humain en danger.
Deuxième Loi
Un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par les êtres humains, sauf quand ces ordres sont incompatibles avec la Première Loi.
Troisième Loi
Un robot doit protéger sa propre existence tant que cette protection n’est pas incompatible avec la Première ou la Deuxième Loi.
Les trente trois nouvelles de ce recueil, dans sa version définitive publiée dans Le Grand Livre des robots en 1990, ne sont alors que des réfutations de ces illusoires garde-fous mis en place par l’U.S. Robots pour endiguer une technologie qui dépasse l’entendement de ses ingénieurs et la faire accepter par l’opinion publique empreinte du complexe de Frankenstein.
Des robots menaçants ou émouvants, non humains (des voitures folles et sensibles, des Christines toutes droit sorties d’un Stephen King), des robots immobiles comme l’ordinateur Multivac censé résoudre toutes les problématiques politiques, écologiques et démographiques du monde (que l’on retrouve dans L’Avenir commence demain), des robots métalliques aux allures de Mars Rover et enfin des robots humanoïdes se déploient sur une terre globalisée, dans un système solaire colonisé. Ces histoires n’ont pas de liens entre elles sauf pour les trois parties “Powell et Donovan”, deux ingénieurs carriéristes, “Susan Calvin”, la robopsychologue emblématique de l’U.S. Robots et “L’après-Susan” qui apportent une approche plus historique de l’évolution des recherches en robotique.
Ces nouvelles sont autant de miroirs qui nous sont adressés et nous invitent à regarder et à examiner nos défauts, à interroger l’éthique et la vigilance. Écrites dans un contexte d’après guerre mondiale, de guerre froide, Isaac Asimov aborde en incroyable visionnaire des thématiques de notre actualité. Pourquoi ne pas demander à un ordinateur de nous trouver le partenaire idéal, à une voiture de nous conduire en toute sécurité et réduire ainsi les accidents de la route, où encore de combler le vide émotionnel qui envahit notre quotidien, de garder nos enfants ou de trouver une exoplanète afin de justifier les dépenses d’un département de recherche ?
Un beau jour, le petit ordinateur apprit qu’il existait des foules de grands ordinateurs de toutes espèces, des multitudes. (…) Beaucoup de ces grands ordinateurs étaient très puissants et très sages, infiniment plus puissants et plus sages que les gens qui étaient si cruels avec le petit ordinateur. Et le petit ordinateur comprit que les ordinateurs grandiraient toujours en sagesse et en puissance et qu’un jour… un jour… un jour…
Quand la vie d’un ingénieur est moins précieuse que celle d’un robot à plusieurs milliers de dollars, quand la frénétique course à la robotique et au pouvoir menace la paix mondiale, quand on se permet des libertés avec les trois Lois pour pousser toujours plus loin la recherche, quand on frappe et maltraite un robot parce qu’il n’est qu’une stupide machine, la perte de contrôle n’est jamais très loin. La découverte par une robopsychologue d’un inconscient dans le cerveau positronique change-t-il la donne ? Et si les robots rêvent, de quoi rêvent-ils à votre avis ?
Sonia
Isaac Asimov, Le Grand Livre des Robots, t.1 Prélude à Trantor, Nous les robots, préface de Jacques Goimard, Omnibus, réédition 2014, traductions issues de diverses éditions, 531 p.