Allons ! Nous poserons ce que nous savons. C’est par là que nous commencerons ! Ce que nous savons comme tout le monde, pour l’avoir lu, comme tout le monde, noir sur blanc dans le journal. Primo !
Dans une ferme isolée, les corps nus d’un couple sont retrouvés par leur benjamine, un peu simplette. La mère est pendue, le père a été mutilé mais vit encore. Elle le soigne et les habille avant d’appeler les autorités concernées. Commence alors une enquête familiale, sous les voix des quatre enfants, le collier de la mère ayant disparu. À demi-mots seront évoqués le passé du grand-père, l’exclusivité de la mère ou encore l’absence prolongée du père faisant douter de son existence. Les mensonges et faux-semblants s’accumulent dans le cirque de la vie, l’équation à résoudre a de plus en plus d’inconnues.
Portée par une mise en scène tragique et un examen clinique et mathématiques des faits, la narration nous entraîne inexorablement vers un dénouement sophoclien. Réunis dans la bibliothèque, les enfants du couple jouent, rejouent des rôles pour mieux accepter la vérité, les vérités. Les sentiments sont tus dans cette famille où l’on parlait peu. Le passé se vêt d’un voile, le scandale s’ignore. La langue de Patrick Da Silva donne une résonance toute particulière à cette histoire, mêlant complexité des rapports humains, explicitation des non-dits et chocs des mots à vif. D’un rythme implacable, l’auteur scande le décompte millimétré de la tragédie, sans ornement aucun. Comme dans un cirque, on tourne sur la piste en attendant monsieur Loyal, le chef d’orchestre du spectacle.
éditions Le Tripode,
128 pages,
Aurore.
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