S comme Suzanne, S comme sensualité, sexualité et secret. Autant de mots illustrés et effleurés par Antoine Cossé avec La villa S., quinzième opus de la collection BD Cul des Requins Marteaux (dont fait également parti la délicate Comtesse d’Aude Picault).
Dans ce thriller chaud comme la braise, un détective nommé E. hanté par le souvenir cuisant d’un ancien amour se dirige vers une mystérieuse demeure pour une mission tout aussi mystérieuse. Propriété d’un célèbre artiste, elle va devenir le théâtre de l’affrontement muet de deux grandes familles mafieuses qui viennent y séjourner chaque année. A la manière des personnages de Roméo et Juliette en plus déculottés, les Sovi et les Routak ne tolèrent pas le mélange des corps entre leurs deux lignées et c’est justement une liaison interdite e cet acabit que doit découvrir notre enquêteur frustré.
Guidé par l’envoutante Suzanne, notre détective va connaitre une nuit agitée à l’affut d’un amour interdit, vaquant de pièces en pièces, d’oeuvres d’art en positions du kamasutra. Entre danger et plaisirs, halètements de poursuites et soupirs orgasmiques, la visite de la villa S va s’avérer rapide mais très bien menée.
Le dessin d’Antoine Cossé est halluciné et délicat, ses traits restent ouverts, laissant place aux rêveries. Tout en silhouette et en jeux d’ombres, La villa S. invite au frisson et aux pérégrinations érotiques. Ode au fantasme, aux teintes d’amour d’été et de voyeurisme, cette bande-dessinée donne envie de découvrir l’univers de cet illustrateur qui reste très discret malgré son énorme talent de style graphique et de mise en page.
En quelques cases, Antoine Cossé parvient en effet à instaurer d’office une ambiance lourde, presque tropicale, ambiance propice sinon idéale pour le polar qui va s’y dérouler. Alternant les lavis de noir et de gris à des planches aux couleurs vives et pop, on a l’impression de divaguer tout à la fois au coeur d’une galerie d’art contemporaine et d’un vieux film rétro en bichromie.
La villa S. d’Antoine Cossé est un thriller sensuel et chaud, marquant la fin d’un été brulant mais aussi le début d’une rentrée littéraire qui s’annonce toujours aussi charnelle chez Les requins marteaux.
Editions Les requins Marteaux
Collection BD Cul
120 pages
Caroline