Le problème d’écrire sur une suite, surtout un troisième volet après avoir écrit sur les deux précédents, c’est de tomber dans la redite et la peur de ne pas savoir valoriser à sa juste valeur ce troisième tome. Je voulais avoir une approche ou un préambule à ce petit article marquant afin de vous poussez à vous lancer dans la lecture de cette trilogie. En vous promettant des rebondissements à tomber par terre jusqu’à la fin. Car clairement cette trilogie est hors norme, un futur classique très probablement.
Mais voilà le troisième volet n’est pas une fin classique, venant se faire terminer les différents arcs narratifs, ou encore donner une raison aux angoisses, horreurs ou autres… C’est beaucoup plus fin et subtil que ça !
Acceptation reprend directement après le final d’Autorité d’un coté, avec Oiseau fantôme et Control, nous suivons leur quête, cette route vers l’ile dans la zone X. Mais en parallèle et c’est la nouveauté de ce tome, nous suivons le gardien du phare avant l’apparition de cette anomalie et enfin l’ancienne directrice du Rempart Sud juste avant la douzième expédition de l’autre.
Une narration plurielle, jouant sur trois temporalités. Ce qui tranche encore une fois avec le rythme et le style d’Annihilation, ainsi qu’avec Autorité. Mais ne voyez pas là une manière de simplifier l’histoire et de révéler les bouts de ficelles qui animent le lieu, non, non, non. Jeff Vandermeer apporte une autre dimension à son Polar fantastique. Une dimension plus profonde et viscérale, offrant des révélations qui ne délivre pas le lecteur, mais l’enfonce encore plus dans cet univers étrangement inquiétant et dérangeant.
Le style de l’auteur est toujours de qualité, une écriture directe, ce permettant quelques petites digressions à certain moment mais toujours de bon goût et servant une histoire profondément maitrisée. Et le final ne vous rassurera pas, loin de là, vous refermerez le livre en ayant une sensation de malaise, tout en ayant l’impression d’avoir lu quelque chose d’unique et puissant. Une œuvre à la croisée des chemins entre plusieurs genres, une œuvre hybride et labyrinthique.
Quelque part entre John le Carré, Edgar A. Poe, Howard P. Lovecraft et Kafka se trouve la trilogie hybride et protéiforme de Jeff Vandermeer. Une trilogie et surtout un auteur qui à la différence de ses aïeux aura réussi à symboliser l’indicible et nous l’ancré profondément dans notre mémoire de lecteur. C’est bon, dérangeant, perturbant et surtout prenant, une trilogie indispensable tant par le style que l’histoire, alors foncez, vous ne le regretterez pas !
Le Diable Vauvert,
Traduit par Gilles Goullet,
379 pages.
Ted.