Emilie Plateau est une jeune auteure de BD et de fanzine axant son travail autour du récit à caractère autobiographique que l’on peut retrouver sur son site Comme un plateau. Son style graphique est immédiatement reconnaissable; tout d’abord, le rapport au blanc est frappant, en effet pas de cases enfermant les scènes mais au contraire des pages très aérées où les personnages et l’écriture suivent leur court, tout aussi fin et discret l’un que l’autre.
Marie-Christine, BD réalisée lors des 24h de la bande-dessinée organisées par l’association Chifoumi
L’épopée infernale, fanzine dont vous êtes le héros
Toujours armée d’un carnet, elle note des bouts de discussions entendues, des répliques qui l’ont marquée et inspirée, commençant toujours par poser son texte pour ensuite l’agrémenter de dessins et mettant ainsi en avant le propos avant le trait. Que ce soit à travers ses fanzines ou encore ses bandes-dessinées telles que De l’autre côté à Montréal, Comme un plateau et Moi non plus, on retrouve le personnage d’Emilie Plateau à chaque fois, reconnaissable à son écharpe, son hoodie à la capuche remontée et sa pointe d’humour et d’autodérision. Autour d’elle gravitent des personnes, des rencontres montées sous forme de scènettes qui viennent compléter petit à petit cette chronique du quotidien.
On retrouve des motifs récurrents de tous les jours dans ses décors: façades de maisons et arbres pour l’extérieur, canapés et lits pour l’intérieur, le tout agrémenter de détails par-ci par-là qui créent immédiatement une ambiance intimiste à cet univers domestique.
De l’autre côté à Montréal, récit de son séjour au Québec
La particularité de son univers c’est la fragilité qui se dégage de ses livres et de ses illustrations; les personnages sont tout petits, et parfois lorsqu’ils sont en situation de malaise, de tristesse ou d’embarras, ils rétrécissent encore plus. Avec ce procédé simple, elle joue sur leur taille et leur rapport avec le monde qui les entoure, toujours avec un travail sur le blanc et l’épure. Pour autant, les discutions rigolotes recontextualisées, les portraits des gens qu’elle rencontre et les situations parfois cocasses qu’elle illustre dans son travail sont bourrés d’une bonne pointe d’humour et d’un sacré sens de la répartie. Avec un minimum d’effet, Emilie Plateau parvient à un résultat qui interpelle et qui touche.
Elle a comme référence le style de Sempé et l’humour de Glen Baxter et suit son petit bout de chemin en réalisant un travail introspectif authentique et délicat, comme une musique douce ou un murmure.
Les bandes-dessinées d’Emilie Plateau sortent de l’ordinaire car le texte y est privilégié au dessin, dans le sens où le second ne doit pas écraser le premier. S’attardant sur les détails, réussissant
à poser une ambiance et véhiculer un sentiment avec quelques traits et surtout juste quelques phrases, elle interroge et éveille par le biais de son propre quotidien, sans prétention mais avec talent.
De l’autre côté à Montréal
Marie-Christine et L’épopée infernale sont des fanzines auto-publiés par l’auteure
De l’autre côté à Montréal, 112 pages, Editions 6 pieds sous terre
Caroline