Très jolie rentrée littéraire 2018 pour les Editions des Éléphants avec notamment deux albums jeunesse porteurs d’un fort message d’espoir et d’égalité; Henry et la liberté et Rue des quatre–vents, respectivement écrits par Ellen Levine et Jessie Magana et illustrés par Kadir Nelson et Magali Attiogbé.
Inspiré de la vie d’Henry « Box » Brown, Henry et la liberté est l’histoire incroyable d’un homme qui, mu par son seul courage et sa soif de liberté, a eu la brilliante idée de se faire poster bien caché dans une boite de l’état de Virginie où il a toujours vécu esclave à celui libre de Philadelphie.
Le texte d’Ellen Levine raconte sobrement la vie d’Henry: né dans les années 1850 il a été arraché très jeune à sa famille du jour au lendemain et vendu à un autre maître. Sans sourciller, il effectue son travail avec ardeur et soin, fonde une famille avec la femme qu’il aime et voit son sort basculer lorsque celle-ci est envoyée sur le marché aux esclaves en compagnie de leurs enfants pour être vendus à leur tour comme de simples meubles.
Terrassé et accablé par le chagrin, Henry va alors décider de gagner sa liberté par un ingénieux stratagème, aussi simple que brillant qui lui permettra de finir ses jours dans un endroit abolie de tout esclavage.
Les illustrations impressionnantes de Kadir Nelson donnent vie au livre: à travers de magnifiques peintures pleines pages délicatement hachurées, il apporte un supplément d’âme au texte. Les postures et les visages des personnages sont criants de vérité et de force de vivre, nous entraînant dans les traces d’Henry Brown et de tous ceux qui ont connus un sort similaire au sien.
Une note de l’éditeur en fin d’ouvrage rappelle tout de même que malgré le traité datant de 1919 du Pacte de la Société des Nations condamnant la traite et prescrivant l’abolition du travail servile , il existe encore des dizaines de millions d’individus détenus en servitude à l’heure actuelle.
Cette histoire vraie, en plus de conter un courage extraordinaire, est aussi un rappel essentiel des droits de l’homme à la dignité et à la liberté.
Ellen Levine et dessins de Kadir Nelson
Traduit de l’anglais par Ilona Meyer
40 pages
Rue des quatre–vents est un album déroulant l’évolution d’une rue et de ses habitants sur un siècle, décennie par décennie. Telle une frise chronologique du quotidien, ce livre écrit par Jessie Magana est une invitation à la tolérance mais aussi au devoir de mémoire concernant l’immigration à travers l’Histoire.
De 1890 à aujourd’hui, on voit la rue des quatre-vents changer au fil des tendances et des modes, de la politique et des guerres mais surtout au rythme des personnes qu’elle accueille entre ses bâtiments. Marco d’Italie, Nahid d’Afghanistan ou encore Maria du Chili, autant d’enfants et d’adultes fuyant leurs pays natals pour survivre, recouvrer leur liberté et pour tenter de se reconstruire malgré le déracinement.
Peu à peu, la rue des Quatre-vents se colore et se métisse à l’image du reste du pays, enrichie par sa pluriculturalité. Mais les réfugiés sont parfois victimes de brimades et de racisme: que ce soit à cause du chômage, des rafles et dénonciations de la Seconde Guerre Mondiale ou des paroles haineuses entendues et répétées par les enfants, les préjugés faciles et la crainte de l’autre sont malheureusement bien réels.
Au fils des pages à rabats que l’on peut déplier pour découvrir les personnages venus des quatre coins du globe et les décors colorés dessinés par Magali Attiogbé, Rue des quatre–vents raconte le récit de ceux qui font la France actuelle, quelque soit leur culture ou leur couleur de peau. A travers des faits historiques marquants et durs tels que la crise économique ou la guerre, mais aussi de belles choses comme des naissances ou des unions d’amour, cet album chronologique est un pan de l’histoire de ce pays qui est trop peu évoqué dans les manuels scolaires. En donnant la parole à des gens qui sont souvent laisser dans l’ombre, Jessie Magana permet une prise de conscience réelle à travers un message sain, porteur de tolérance et d’espoir.
Jessie Magana, dessins de Magali Attiogbé
28 pages
Caroline