Baptiste Pagani rend hommage aux films de Kung-Fu de l’âge d’or du cinéma chinois dans The Golden Path, une biographie fictive suivant les différentes étapes de la vie de Jin Ha, passionnée de cet art martial traditionnel et prête à tout pour vivre de cette vocation.
1988, Ha Jin, 21 ans et son diplôme d’artiste martiale en poche, se lance dans l’aventure et le monde capricieux du travail en allant à Hong Kong. Sur les recommandations de sa formatrice Madame Ma elle se rend dans l’un des plus grands studios de l’époque, The Golden Path pour lequel son idole Eagle Chan travaille.
A peine arrivée, le destin semble lui sourire car l’un de ses réalisateurs préférés l’intercepte pour lui proposer d’endosser un rôle de cascadeuse immédiatement. Sur le plateau du tournage, elle rencontre Eagle Chan et Tiger Khan, deux figures de sa jeunesse qui changeront sa vie, pour le meilleur comme pour le pire.
N’hésitant pas à se mettre en danger pour ne pas décevoir le reste de l’équipe, elle impressionne immédiatement par sa ténacité et la qualité de son Kung-Fu, deux qualités primordiales dans le milieu sélectif du cinéma. Peu à peu, elle incarne plusieurs personnages à travers des rôles au début masculins puis féminins, passant du sbire à l’une des figures principales des scénarios. Néanmoins, elle endosse indubitablement le statut de méchante perdant à la fin pour que la morale triomphe.
Eagle Chan la forme, l’épaule, et Ha Jin rencontre des collègues qui deviendront des amis: des hommes surtout car ce milieu est principalement masculin, faisant que la jeune femme doit redoubler d’efforts pour faire ses preuves.
Mais tout basculera sur le tournage de Good Cop Bad Cop où elle devra choisir entre sauver sa vie ou vraiment la risquer peut-être une fois de trop face à un adversaire américain mal entrainé et vantard.
C’est son premier échec, et il va littéralement changer le cours de sa carrière et de son existence.
Profitant alors de la situation et de la détresse, la naïveté et surtout de l’illettrisme de Ha Jin, le producteur véreux Joseph Weng va lui faire signer un contrat stipulant qu’elle appartient à vie à lui et à ses studios Asia Film Markers. Après 6 ans d’évolution constante, de sacrifices quotidiens mais surtout d’épanouissement personnel et professionnel, l’héroïne de The Golden Path va sombrer dans la précarité pécuniaire et être condamner à jouer des rôles de seconde zone, la plupart du temps dénudés et hyper sexualisés.
Atypique aussi bien par son physique athlétique que par sa dévotion absolue au Kung-Fu, Ha Jin est une protagoniste forte et émouvante qui ne cède jamais. A travers les différentes étapes de sa vie, Baptiste Pagani décortique la face caché de l’industrie cinématographique chinoise et surtout en célèbre l’âge d’or. Cette bande-dessinée est novatrice par son décors qu’est la Chine des années 80-90 mais également par son personnage féminin courageuse qui se bat corps et âme pour le Kung-Fu. Sur une chronologie d’à peine dix ans, on assiste à son escalade heureuse et méritée puis à un coup du sort injuste et aux conséquences éprouvantes, le tout influencé par des personnes plus ou moins bienveillantes dont elle s’entoure. Ha Jin multipliera les rôles, bons ou mauvais, mais ne lâchera jamais prise jusqu’au jour où elle se retrouvera au pied du mur.
Les planches de Baptiste Pagani sont lumineuses, colorées et surtout pleines d’un dynamisme proche d’un story board apportant encore plus de punch I la lecture. On sent sa passion pour cet art martial à travers les fiches explicatives et les reproductions d’affiches de l’époque jalonnant le livre. Apportant précision sur les ficelles du métiers (le doublage, le montage ou encore les effets spéciaux et les cascades) il apporte encore plus de profondeur à son récit.
Les affiches de films de série B qu’il peint sont d’ailleurs de magnifiques clins d’œil au studio Golden Harvest et à Jackie Chan notamment, dont il s’est nourri et inspiré pour créer The Golden Path et décrire le quotidien des acteurs et artistes à cette époque.
Editions Ankama
Label 619
192 pages
Caroline