À l’abordage! Le dernier volume de Petit Vampire édité par Rue de Sèvres clôture le triptyque haut en couleur du petit héros aussi lugubre qu’attachant de Joann Sfar. On ne joue pas avec la vie promet une lecture rocambolesque qui plaira à tous les amateurs de monstres et de piraterie.
Michel, vraiment vexé par le changement d’avis de son meilleur ami Petit Vampire concernant sa promesse de le transformer en mort-vivant, hésite à pencher en faveur du terrible Gibbous, le méchant ultime à face en croissant de lune et au cœur noir d’encre. Ce qu’il ignore, c’est que pour atteindre ce stade entre vie et mort, il faut avoir le cœur brisé, acte des plus cruel auquel ne peut se résoudre son ami.
Blessé dans son amour propre, l’enfant se risque à pénétrer à l’insu de tous dans le manoir hanté pour le trahir, placardant une demande de rançon factice sur le cercueil-lit. Cependant son intrusion ne passe pas autant inaperçu qu’espéré, la bande de copains monstres et plus particulièrement Ophtalmo étant doté d’un système de surveillance à la pointe de la technologie. Les caméras le filent, les pièges s’enclenchent de toute part et paf! Michel est propulsé en beau milieu du petit groupe stupéfait.
Cette trahison inattendue remue tout le monde: Fantomate, le fidèle bouledogue cramoisi de Petit Vampire entre dans une rage folle, alors que les autres sont plus septiques et veulent tirer les choses au clair.
Les voilà donc à bord de Boidormante, le navire du Capitaine des morts à la figure de proue mûe d’une volonté propre, naviguant dans les airs au dessus des nuage, tout droit vers le bateau de l’effroyable Gibbous et de ses fidèles et innombrables blattes vert fluo. Leur plan semble sans faille: attaquer ce terrrible ennemi qui terrorise Pandora et Petit Vampire depuis pas moins de trois siècles, en profitant de l’éclat de la journée synonyme de sommeil pour cette créature nocturne. Ils suivent son point d’encrage et montent, montent le long de la corde pour au final trouver la navire mouillant tout à côté de la lune…
Un terrible piège les attend, et l’étau se resserre autour des enfants-monstres et de Michel, pas franchement dans son élément dans l’éther sans oxygène. Et puis il faut dire que leur plan n’était pas franchement sans faille, voir même pas du tout réfléchi. Heureusement que Fantomate est là pour réveiller les parents de Petit Vampireet les alerter du drame qui est en train de se produire!
Le Capitaine des morts et son équipage parviendront-ils à temps pour sauver tout le monde des griffées grêlées de cet ennemi de toujours? Pandora devra t’elle choisir entre sa liberté et celle de son fils pour le sauver de la mort-mort? Canons, éperonnage, caravelles voguant sur le fil d’un croissant de lune, la bataille promet d’être mouvementée.
On ne joue pas avec la vie répond à toutes les questions distillées dans les volumes précédant, et Joann Sfar y traite toujours de jolies notions telles que le courage, l’amitié et l’amour. Il interroge aussi sur la sincérité des sentiments adultes et ceux plus candides des enfants, sur leur aspect respectivement trouble et délibérément sincère. Le Gibbous et son amour aveugle et maladif pour Pandora en font un personnage avec autant de faces que la Lune elle-même: parfois fou et cruel, il se révèle aussi être maladroit et sans aucune confiance en lui.
Bourré d’humour, de joie de vivre et de mort-vivants, l’auteur boucle avec succès ces nouvelles aventures de Petit Vampire, mais il faut avouer que de savoir qu’il s’agit du dernier tome laisse aussi un peu nostalgique!
Editions Rue de Sèvres
64 pages
Caroline