Le quatrième tome de Midnight Tales, sorti à point nommé pour la période d’Halloween, annonce la fin de la saison un de cette saga mêlant ésotérisme, épouvante et féminisme.
La première bande-dessinée, signée par The Neb Studio, est une descente aux enfers déclenchée par une situation tristement commune: celle du harcèlement sexiste. Il s’agit d’un aparté dans le scénario global de l’univers de la série, mettant en scène une jeune Midnight Girl seule, dans sa vie courante et plus vulnérable car en proie à une attaque sur son intimité même.
Un soir, elle devient la cible de harceleurs, ceux-ci prenant peu à peu la forme de démons difformes et hideusement lubriques. Au coeur du métro parisien, l’adolescente se retrouve prisonnière de wagons emplis de créatures personnifiants la noirceur de l’humanité envers ses propres pairs, et doit affronter leur monstruosité.
La matérialisation du patriarcat sera l’épreuve ultime, à moins que le virus que répand celui-ci ne se soit déjà blotti dans sa victime…
Jouant avec les codes glaçants de la honte, de la peur et des préjugés ainsi que le lieu anxiogène des entrailles du métro, The Neb Studio instaure une terreur nouvelle à l’ambiance de Midnight Tales. Plus courante. Plus réaliste.
Les autres contes, parcourant les pays et les époques, des années 70 à nos jours et de New York aux Carpates, abordent les thématiques des objets possédés et maléfiques et des créatures aux premiers abords dangereuses, issues de croyances ancestrales et oubliées. S’inspirant de différents folklores, les auteurs continuent de nourrir l’univers de plus en plus étendu de Midnight Tales, sans en détériorer la saveur.
En équilibrant toujours avec finesses les pouvoirs possédés par les Magical Girls et leur faiblesses dues à leur environnement et leurs émotions, ils parviennent à rendre les protagonistes attachants en seulement quelques pages.
De plus des personnages déjà croisés dans les volumes précédents reviennent au coeur du sujet, suivant le fil rouge instauré par Mathieu Bablet dés le début. Ainsi, nous retrouvons la mystérieuse Forteresse Blanche, QG ancestrale de l’Ordre de Minuit, dans laquelle sont enfermées deux femmes. Lilith et Chantira, vues dans des histoires précédentes, y vivent depuis plusieurs années, les mains coupées pour éviter qu’elles ne se laissent dévorer par leur propre puissance, inconsidérable.
Cependant, la raison de leur séquestration reste trouble: vivant sous terre comme des rats, amputées de leurs membres et de leurs pouvoirs, on ne parvient pas encore à discerner les attentes que place l’Ordre en elles.
On retrouve également Sheridan et Johnson, le duo charismatique introduit précédemment et qui sera à l’honneur dans le cinquième tome de Midnight Tales. En creusant plus loin dans leur histoire, on peut deviner des zones d’ombres autour de ces figures si importantes pour la sonorité des Midnight Girls.
En créant des parallèles scénaristiques entre les histoires et les personnages des différents volumes, Mathieu Bablet apporte de nouvelles pièces à cet univers de plus en plus pointu et envoûtant.
De nouvelles questions en découlent, notamment sur un ennemi évoqué: Le Séraphin, semblant régner sur les Enfers. De plus, à travers ce volume et des histoires qui s’entrecroisent et se complètent petit à petit, le mystère s’épaissit autour de l’Ordre de Minuit: qu’en est-il de son but réel?
Ankama Editions
Mathieu Bablet, The Neb Studio, Clément Rizzo, Loïc Sécheresse, Thomas Gilbert, Neyef
Label 619
152 pages