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Guillermo Saccomanno – 1977

Après l’Employé, et le livre monde Basse Saison, nous retrouvons Guillermo Saccomanno avec 1977. Sorti en 2008 en Argentine sous le titre 77, ce texte revient sur une période sombre de l’Argentine, de Buenos Aires et plus généralement, dresse un portrait au couteau de l’humanité.

Gomez, professeur de littérature, travaillant sur un essai sur Oscar Wilde et sa période d’emprisonnement à Reading, ça ne s’invente pas, essaie de faire profil bas. Vivant à Buenos Aires, nous rencontrons ce natif de Patagonie, tentant de ne pas se faire remarquer par les milices qui sévissent dans la ville. Nous sommes en 1977 et le pays vit sous la dictature militaire depuis le coup d’état de 76.

Les répressions envers les opposants politiques et militants sont fortes. Ainsi le pays vit dans la peur des escadrons de la mort. Des milices qui raflent tous dissidents qui s’opposent au pouvoir en place et les font disparaître ou les exécutes. Une répression massive qui rythme le quotidien des habitants comme de Gomez. C’est dans ce contexte que notre narrateur, après avoir vu un de ses élèves se faire « rafler » dans sa salle de classe, va voir son monde basculer progressivement. Insomniaque et devenant paranoïaque après une seconde disparition, celle de son voisin, Gomez va allez de rencontre en rencontre, des jeunes militants, un vieil ami amoureux ou encore un policier avec qui il va avoir une relation. 

De ces rencontres et de cette période, Gomez en garde un souvenir ému et vous invite à revivre ce moment qui fut aussi terrible que fort pour lui.

L’auteur questionne énormément dans ce livre, sur la morale et ce que la survie implique. C’est aussi un postulat fort sur le besoin ainsi que notre rapport aux autres ou encore la puissance de certains liens dans un contexte particulier, ici un pays dans la terreur. Outre le contexte de base, et avec une très grande finesse dans le propos, Guillermo Saccomanno dresse un portait cosmopolite de sa ville et de son histoire. Qu’il s’agisse des Mères de la place de Mai,  de la répression féroce ou encore du militantisme clandestin, Guillermo Saccomanno à travers ses mots redonnent vie à l’Histoire de son pays et devient le témoin d’une époque d’engagement, de conviction et de terreur.

Mais l’auteur joue aussi avec les frontières, celles du genre, empruntant autant au roman social, historique ou au polar, il ose insuffler du réalisme magique ou encore du fantastique par petite touche. D’ailleurs, une histoire de fantôme apparaît que n’aurait pas renié Montagues Rhodes James sur le traitement de cette dernière. 

Fin, puissant et prenant, 1977 est un texte qu’il est important de lire. Dans une écriture tantôt féroce, tantôt amer, mais toujours avec beaucoup d’esprit, l’auteur nous rappelle que notre civilisation et surtout nos libertés sont des biens précieux et ne vivent que grâce aux sacrifices de certains. 

À noter la superbe traduction de Michèle Guillemont, qui a traduit toutes ses publications en France et donne une grande cohérence de ton à l’œuvre de Guillermo Saccomanno. 

Asphalte Éditions,
trad. Michèle Guillemont,
304 pages,

Ted

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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Un commentaire

  1. merci pour ce retour qui me donne très envie de découvrir l’auteur !

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