Fidèles à elles-mêmes, les Éditions du Tripode étoffent leur catalogue avec une œuvre singulière et étonnante, une première bande dessinée belle et magnétique, sans parole mais foisonnante de détails. Il s’agit de Longue vie de Stanislas Moussé, où l’on assiste au déroulement d’une existence tumultueuse : celle d’un berger qui devient roi.
Tout commence lorsque le héros retrouve les membres de sa famille sauvagement massacrés par une horde de guerriers mi-hommes mi-bêtes. Après avoir rendu les derniers hommages aux dépouilles de ses proches en dressant un bûcher, il laisse derrière lui leurs cendres pour entamer un voyage : celui d’une vie.
En parallèle à son cheminement, un arbre pousse sur les restes calcinés de son passé, bourgeonnant puis s’épanchant métaphoriquement en parallèle à l’avancée du protagoniste. Celui-ci, bien que plutôt pacifique, va se voir entrainer dans des batailles contre les envahisseurs et contre l’entité mortelle et gigantesque de la forêt, va échapper de justesse à la mort pour s’asseoir sur le trône et gouverner un royaume, va tomber amoureux et devenir père.
Il avance toujours vers son destin, sans relâche. Comme Longue vie se passe à une époque moyenâgeuse, où les châteaux forts côtoient les vikings, le quotidien est une véritable lutte où les dangers sont partout et où l’aventure ne s’arrête que lorsque la mort survient.
On ressent la recherche patiente de l’équilibre et du bonheur par le héros, une fois qu’il s’est débarrassé du sentiment de revenche et de la tension constante due à la survie. Il n’oublie pas ses racines, son héritage et évolue à travers le cycle de la vie.
L’histoire de la réalisation de cette bande dessinée est en elle-même singulière, quand on sait que les formats sur lesquels dessine Stanislas Moussé vont du A5 au raisin et que tout est réalisé minutieusement au Rotring ! Un travail de longue haleine pour une incroyable fresque où chaque page est un tableau et à travers lequel le regard vagabonde, accroché par des détails et des histoires voisines. Car les décors montagneux et forestiers développés par l’auteur fourmillent de clans, de voyageurs solitaires mais aussi d’animaux qui vivent et meurent, en proie à leurs propres épreuves.
Longue vie est une expérience à part et étonnante. C’est une histoire qui se passe remarquablement bien des mots pour raconter une existence complète, avec ses unions et alliances, ses craintes et ses passions, et enfin sa résilience. De ce fait Stanislas Moussé transmet beaucoup de messages et de questionnements à travers ce livre muet, qui en dit pourtant très long.
Éditions Le tripode
208 pages
Caroline
Merci pour cette chronique très sensible !