C’est sur une ritournelle bien connue que Katia Bouchoueva bâtit son recueil Doucement (!). Le refrain de la chanson Douce France de Charles Trenet démarre un recueil qui n’est pas un hommage à un pays mais plus à une multitude de croisements sur un territoire.
Katia Bouchoueva raconte la France qu’elle connaît, qui n’est parfois pas si chantante. Dans une écriture fabriquée comme des petits bonds, elle déploie une poésie que le titre du recueil résume très bien : en douceur mais avec un point d’exclamation.
Par touches successives, on suit la mélodie et on y voit le visage de femmes et d’hommes, la silhouette de villes et de campagnes. Les inégalités ne sont pas masquées. Doucement (!) distille à la fois une amertume et une tendresse. Cette ambivalence produit un attachement particulier. La lecture laisse l’impression que Katia Bouchoueva a continué la chanson de Trenet en la rendant moins tendre.
Ces bondissements de mots que l’on trouve chez la poète résonnent comme des notes de musique. Ce recueil est à la fois empli de calme et de tressautements. Ce n’est pas sirupeux comme une vieille mélodie mais aussi moderne qu’un rythme électronique.
Katia Bouchoueva réinvente l’écriture en désaccordant le tempo. Cette France qu’elle décrit résonne bien mieux dans cette dysharmonie. Les mots font mouche et restent en tête quand on tourne la page.
104p
Adrien