L’Art Compte !
C’est le titre, c’est aussi une vérité, l’Art compte, comme nourriture de l’esprit, comme messager, comme vecteur de monde en devenir ou de sentiments intimes et profonds. Mais l’Art compte aussi pour ce qu’il a à dire sur notre société, sur notre monde, notre époque, car l’Art est politique, après tout, la liberté de créer est la dernière barrière que le plus vil des politiciens ou dictateurs ne pourra jamais contrôler totalement, quant à cette imagination où naît l’art, cette géographie, cette constante Terra Incognita qui n’a que pour seul limite l’infini de nos recoins les plus nébuleux et que nous ne cessons jamais vraiment de découvrir dans nos errances, pour ce géographe de la psyché que nous sommes tous/tes, là aussi l’Art compte.
« Le monde paraît toujours plus lumineux après que vous ayez fabriqué quelque chose qui n’existait pas avant. »
Neil Gaiman l’a bien compris, l’affirme et le revendique avec son œuvre pour militantisme et pour bousculer le monde qui l’entoure. Dans ce recueil de trois discours, il revient sur des points importants selon lui, “Pourquoi notre futur dépend des bibliothèques, de la lecture et de l’imagination“, qui fut écrit en 2013 dans le cadre d’une conférence à la « Reading Agency of London » afin de promouvoir l’importance des bibliothèques, de l’importance du lieu et le bonheur de lire dans une bibliothèque. « Monter un siège »qui par le truchement du montage d’une chaise en kit, façon Ikea, Neil Gaiman parle de l’importance d’essayer et de persister si l’on veut créer, mais surtout de créer ce qui vit en nous et enfin « L’Art Compte », le texte qui donne le titre du recueil, revient quant à lui sur le parcours de l’auteur, son parcours comme lecteur, et amoureux d’une culture et comment il est devenu créateur/auteur.
À travers ses trois textes, nous assistons à un discours amoureux. Un Amour de l’Art, un Amour avec un grand A, au-delà de l’importance qu’il place dans les différentes disciplines artistiques, Neil Gaiman transmet son amour et la nécessité, selon lui, de préserver ce patrimoine qui, à la différence de bien des choses sur Terre, nous fait grandir et nous élève, nous fait voir le monde différemment et nous change à chaque nouvelle étape. Neil Gaiman aime l’Art, Neil Gaiman aime partager et Neil Gaiman s’impose ici comme Virgil pour Dante en nous offrant une main tendue vers nos sensibilités et notre Art.
Pour accompagner les trois discours de l’auteur, la présente édition propose des illustrations de Chris Riddell. Illustrateur satirique et politique pour The Observer et The Economist, on le connaît surtout pour ses illustrations sur l’œuvre de Paul Stewart « Chroniques du bout du monde ». Des crayonnés, qui sont là pour appuyer, faire sourire ou interroger, mais qui touche systématiquement juste. Un dessinateur qui a su mettre au service du texte son dessin et offrir une expérience totale pour les lecteurs. D’ailleurs, je vous incite vivement à le suivre sur Twitter, c’est un régal à chaque poste !
Alors pourquoi lire « L’art Compte » ?
Les amateurs de l’auteur et du dessinateur n’ont pas besoin de moi pour être convaincu, ils l’ont déjà probablement lu, offert, perdu, racheté, relu, prêté, égaré, retrouvé, conseillé, etc… Mais vous qui lisez cette chronique qui ne connaissez ni l’auteur ni le dessinateur, vous qui vous questionnez sur votre place dans le monde, ou vous qui chercher de l’Art dans votre quotidien, alors oui, ce petit manifeste est fait pour vous, et qui sait peut-être, demain c’est de votre Art dont on parlera ici!
« Osez, Rebellez-vous, l’Art compte. »
Au Diable Vauvert,
120 pages,
Trad. Patrick Marcel,
Ted.