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Bob Leman – Bienvenue à Sturkeyville

Au pays de l’oncle Sam, l’horreur fantastique est devenue une institution. D’Edgar A. Poe à Stephen King ou encore Joe Hill. On peut également parler d’une autre forme d’institution américaine : la nouvelle. Plus qu’un format, la nouvelle est un style à part entière qui propose sa propre codification, son propre rythme, etc…
Ce n’est pas anodin si je parle de ces deux formats, car la culture du magazine pop, surtout dans la littérature de genre a entretenu et développé les genres et le format. Les Weird Tales en chef de file ont permis de diffuser et faire connaître énormément d’auteur comme H.P Lovecraft. Proposant une alternative plus distrayante et rapide à consommer que le grand roman.

Ces trois paramètres pris en comptes, on ne peut qu’en déduire qu’il existe une ribambelle d’auteurs américains évoluant dans la sphère « horreur/fantastique » dont on n’a jamais entendu parlé en France. Et vous savez quoi ! C’est justement ce qu’a du se dire Scylla!

Bob Leman, n’a publié aucun roman, et n’aura écrit que quinze nouvelles en tout et pour tout. Mais surtout, il aura été publié dans un magazine pour la première fois à quarante-cinq ans avant d’être publié une seconde fois une dizaine d’années plus tard. Autrement dit, peu de popularité dans son pays, malgré un relatif succès de ses nouvelles dans le milieu des initiés à la littérature d’horreur/fiction. En France, il aura eu une première apparition dans la revue “Fiction” d’Alain Dorémieux. Mais c’était au plus tard en 1988, donc, si Scylla n’avait pas osé publier l’auteur vous n’en n’auriez plus entendu parler.

« Bienvenue à Sturkeyville » est un recueil de nouvelles de Bob Leman, publié par Scylla en cette ô combien étrange année 2020. Regroupant six de ses quinze nouvelles, ce recueil se propose de nous présenter l’auteur, son univers, et sa ville fictive Sturkeyville. Ville intemporelle, à la géographie plutôt mystérieuse et aux habitants au combien inquiétant. Une ville où l’horreur et le mystère font intégralement parti de folklore et de l’histoire du lieu.

Et c’est la force de ce recueil, qui a su judicieusement donner une cohérence d’ensemble en regroupant ces six nouvelles, qui se répondent entre elles et forment un tout : Sturkeyville. Ici, le mal n’est ni diabolique, ni classique, les monstres sont des déformations, des habitants du marais, des rôdeurs nocturnes, mais souvent, ils étaient humains au départ. Les inquiétudes sont modernes, bien que quelques fantômes rodent, au moins dans les psychés, les nouvelles de Bob Leman parle de ses angoisses, et l’on pense forcément au nucléaire et les malformations et maladies que provoque la radioactivité.

Dans un style assez minimaliste et direct, l’auteur attache énormément d’importance à l’ambiance et prend le temps de développer ce dernier point pour nous immerger totalement avant de nous faire peur et de nous retenir captif de ses cauchemars. Et ça fonctionne, le style, l’écriture, le propos, tout fait que vous enchaînez les pages. Vous plongez dans le marais de Sturkeyville ou encore vous osez visiter les étranges maisons, et vous finissez meme par en redemander.

La traduction, impeccable de Nathalie Serval, les illustrations d’Arnaud S. Maniak ainsi que la couverture de Stéphane Perger, donne un tout dense, opaque, cohérent et autant inquiétant qu’addictif !

Une belle découverte que l’on vous recommande vivement si vous souhaitez explorer un peu plus le fantastique et l’horreur qui sommeille dans les recoins les plus sombres de Sturkeyville.

Scylla,
Trad. Nathalie Serval,
185 pages,
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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