« Nous sommes dans un autre monde de poésie » préviennent les traducteurs dans la postface. Gizella Hervay est une poète hongroise de Roumanie morte en 1982. Dans Phrases élémentaires paru en 1968, elle écrit une poésie qui semble être à des kilomètres de la révolution poétique proposée exemple par Denis Roche. Le poète français faisait paraitre la même année Éros énergumène et s’était une toute autre histoire. De son côté, Gizella Hervay présentait des lamentations, dans son sens le plus musical, sur les erreurs du passé.
La traduction par Jean-François Puff et Zsófia Szatmári permet de se rendre compte de la simplicité des phrases de ce recueil. Le titre Tőmondatok traduit par Phrases élémentaires en version française désigne un type de phrase simple. La poète tend à la fois vers une modernité à la Eluard (seul poète cité dans le recueil) et vers un lyrisme récitatif.
Phrases élémentaires est un cri poussé par les asservis de l’histoire. Gizella Hervay écrit :
« Ce livre est entièrement ce grand crachat pour tous ceux qui ont été humiliés une fois ou qui le sont toujours. Et celui qui dira qu’il y a plus important que ça, c’est qu’il ignore que la littérature n’est pas littérature, et donc qu’il est idiot. » (Préface, p10).
Ainsi sa poésie se fait terre de liberté et revanche des vaincus. Elle se construit comme une chanson ou une berceuse. On voit ici grâce aux éditions L’Usage qu’elle n’est pas faite d’un seul tenant et que même dans un pays européen pas si éloigné de la France, on a écrit une poésie qui réclamait aussi la liberté dans une forme radicalement différente.
Traduit par Jean-François Puff et Zsófia Szatmári
128p
Adrien