Le label Othello des éditions Le nouvel Attila propose des livres fascinants à l’exemple de ce fac-similé de la revue québécoise Les herbes rouges publié en 1976. Ainsi le lectorat français peut découvrir la poésie de Josée Yvon, figure importante au Québec. Agrémenté d’un texte de présentation de Kevin Lambert, ce fac-similé reproduit le recueil Filles-commandos bandées. C’est une poésie explosive et militante.
« Notre provocation dénonce trop clairement l’existence de la répression, la frontière d’anxiété et de démunition. » écrit Josée Yvon dans ce recueil. Cet hommage au terrorisme des filles-commandos est radicalement engagé. La poète proposait ainsi au cœur des années 70 une défense de la différence dans une société trop normée. Dorénavant, sa voix s’élève comme l’étincelle des luttes transgenres et féministes. Elle reste d’une actualité vive et ne perd pas sa puissance.
Sa poésie est explosive, composée par des phrases chocs ressemblant à des slogans de manifestation ou à des graffitis provocateurs. Contre la violence du patriarcat, Josée Yvon se positionne agressivement. Elle ne tient pas à laisser place à l’apitoiement. Alors, elle fait de ces filles-commandos et de toutes les victimes de viol ou de meurtres, des symboles de la rébellion. Sa verve et sa révolte sont toujours d’actualité même à notre époque qui semble plus propice aux luttes féministes et transgenres.
Josée Yvon a fait de ses recueils des objets hybrides, mélangeant textes au langage familier et images explicites. Ainsi elle ne laisse pas sans réponse la question de la sexualité, mettant en lumière toutes les pratiques même les plus condamnées par la morale bourgeoise. En somme, Josée Yvon ne s’intègre pas à la logique du patriarcat capitaliste. Sa poésie ne pourra pas être récupérée à l’encontre de son message. Ce qui fait sa force et sa vitalité est précisément la radicalité de son geste poético-politique.
Othello / Le nouvel Attila
48p
Adrien