Retenez ce nom, Tupelo Hassman, cette autrice avait déjà fait parlé d’elle avec son précédent livre « La Fille », en 2014, avec l’histoire aussi originale que touchante de Rory Dawn Hendrix. Un roman qui fut qualifié de réussite incontestable par certains journalistes. Tupelo Hassman revient cette année avec une œuvre…un texte… magistral ! Et je pèse mes mots.
À Rosary en Californie, vit la jeune Helen, une adolescente, qui tente de se construire malgré la mère de sa mère. Rosary est une ville particulière, coupée des autres, une communauté catholique géante, pronant la chasteté et la pureté, mettant au ban les « marginaux », comprenez par là les tatoués, les homosexuels ou transgenre. Une ville pas comme les autres qui fait scintiller la ville d’à côté, Sky, de mille feux comme l’ultime Eldorado pour les habitants de Rosary ne se sentant pas à leur place. Donc Helen et sa bande de potes les « Têtes de bite », sa Tante, une voyante plus ou moins « tolérée » par la communauté et son père prospère de se monde si particulier. Bienvenu à Rosary, bienvenu parmi les Tête-de-bite dans un quotidien remplis d’espoir, de déconvenue, de vieux livres pornos, de décharge de pneu, d’action ou vérité, de coup bas et j’en passe.
Et je le dis de suite, c’est une pépite ce livre. Des dieux sans majuscule est une réussite totale. Le rythme, le ton, l’humour, le sérieux, le propos, la finesse des personnages, tout fonctionne ensemble, tout se déroule à la perfection, et le texte vous attrape et vous secoue dans tous les sens.
Vous en ressortez grandi, changé, joyeux, nostalgique, perplexe, amusé, épanouie, triste, vous venez de vous faire un rail de shoot, et vous vous retrouvez en manque. Car comme trop peu d’oeuvre de ce registre là, le texte de Tupelo Hassman touche au merveilleux, au sensible, fait briller l’essentiel et nous prend aux tripes page après page. Nous rions, nous nous amusons, nous sommes touchés et chavirons au côté d’ Helen.
Pensez au film Juno de Jason Reitman, pensez à Mid 90’s de Jonah Hill, mais aussi « Extrêmement fort, incroyablement prêt » de Jonathan Safran Foer ou à la densité de certains textes de Zadie Smith. Vous pouvez vous faire une idée de ce livre.
J’aimerais éviter les superlatifs, mais quand on est passionné par un texte, finalement, est-ce bien grave ? Certes je manque d’objectivité, mais après tout, si ça peut permettre à « Des dieux sans majuscule » de vous atteindre, autant y aller franchement.
D’une écriture fluide, pertinente, sensible et drôle, Tupelo Hassman maîtrise totalement son texte de bout en bout, dans un rythme redoutable, les pages défilent et vous percutent à chaque instant. Car ce qui, finalement nous touche le plus, c’est que l’on connaît les sensations, situations et émotions que vivent Helen et ses amis dans ce livre. Nous avons tous été adolescent, à différent degré nous avons vécu tout ça, le bon comme les galères. Et l’adolescent qui sommeil en vous, vous fait un mega « High Five » à chaque chapitre, tellement il se sent contenté et heureux de revivre un court instant.
Des dieux sans majuscule de Tupelo Hassman est la promesse d’un texte profond, drôle et mélancolique. Tupelo Hassman est définitivement une autrice à suivre, une autrice incontournable. Au passage, Laurence Kiefé, merci pour le travail impeccable et aux éditions Christian Bourgois qui nous permettent de vivre pleinement ce texte.
Christian Bourgois éditeur,
Trad. Laurence Kiefé,
442 pages,
Ted.