Un dernier livre avant la fin du monde WebZine Littéraire
Ursula K Le Guin nous quitta en 2018 à l’âge de 88 ans. Cette autrice ayant laissé une œuvre autant fascinante que conséquente derrière elle, semblait, finalement, être une autrice réservée aux initiés de la SFFF. Comme souvent, il aura fallu attendre sa mort pour que son nom commence à rayonner, à faire parler d’elle, de ses cycles, de ses textes, de ses positions politiques ou encore de la richesse de son écriture. Terremer et l’Ekumen en tête, Ursula K Le Guin fascine de plus en plus, il n’y a qu’à voir toutes les vidéos qui pullulent sur Les Dépossédés ou La main gauche de la nuit sur la plate forme Youtube. Fascinant.
Les éditions du Bélial ont publiés en mai 2018, un premier gros recueil de nouvelles de l’Autrice. Que nous pouvons découvrir ici aujourd’hui en format poche chez Le livre de poche. Un recueil qui pourrait être un intégral, mais qui n’en est pas. Car « Aux douze vents du mondes » est un rassemblement de nouvelles part l’autrice et accompagné de présentation ou de mise en contexte pour chaque nouvelle par Ursula K Le Guin. Une sélection de texte qui fut publié en V.O sous le titre de « The wind’s twelve quarters » en 1975.
Pour l’anecdote, le titre en V.O est une citation de l’oeuvre d’Alfred Edward Housman, de son poême XXXII « Mon fil de vie » dans son recueil « Shropshire Lad », le passage étant :
« Speak now, and I will answer;
How shall I help you, say;
Ere to the wind’s twelve quarters
I take my endless way. »
« Parle maintenant, et je répondrai ;
Comment puis-je t’aider, dis-je ;
Avant qu’au douzième vent
Je prenne mon dernier chemin. »
Et cette référence n’est pas gratuite. Tant l’oeuvre de Le Guin est un univers basé sur le dialogue et le voyage.
Ainsi, Au douze vents du monde, est, du propre avis de l’autrice, une rétrospective de ses débuts jusqu’au début des années 70. Composé de dix-sept nouvelles, on retrouve quatre nouvelles ayant donné naissance à des textes et cycles plus important. Ainsi nous découvrons la genèse du monde de Rocannon, avons un premier aperçu de La main gauche de la nuit et enfin deux nouvelles nous promène dans l’univers de Terremer et nous pousse très fortement à vouloir retourner dans ce monde tant l’immensité et la fertilité sont de mise.
Mais résumé le recueil à ces quatre textes serait dommage. Aux douze vents du monde offre bien plus. Science Fiction, Fantasy, Fantastique, nous parcourons autant d’univers que de genre. Des dragons, des voyages dans le temps, des mines de charbon, des villes radieuses, le silence, le dialogue, le voyage, l’errance, l’obstination et l’abandon, ce recueil foisonne et enchante page après page.
Ce recueil en dit aussi beaucoup sur l’autrice. En véritable architecte et inlassablement, nous voyons Ursula K Le Guin construire des mondes, les rendre crédibles et offrir cette petite particularité qui nous plongera dans ce monde, y compris quand ce dernier est rude ou à l’agonie.
Dix-sept nouvelles pour parler d’une autrice, dix-sept nouvelles qui finalement nous montrent qu’il y a encore tout à découvrir. Ursula K Le Guin Fascine et récompense généreusement chaque lecteur qui ose s’aventurer dans ses univers. Aux Douze vents du monde peut-être une porte d’entrée pour les nouveaux lecteurs, et quelle porte ! Tout comme il peut être la promesse de revivre des sensations de lecteur que l’on ne connaît nulle part ailleurs pour les vieux baroudeurs de l’Ekumen et de Terremer. Quoiqu’il en soit, ce recueil ne pourra que vous enchanter.
Le Livre de Poche,
528 pages,
Ted.
