Profileuse brillante connue à travers Gotham City pour son esprit intransigeant, mais aussi pour son indocilité, Harley Quinsley est hantée par un drame qui a bouleversé sa vie il y cinq ans de cela. La découverte du cadavre de sa colocataire Edie, assassinée par un serial killer célèbre sous le nom du Joker. Depuis qu’elle a croisé le masque mortuaire sordide dont il a grimé son amie, la jeune femme n’a plus qu’une obsession : le traquer et l’anéantir par tous les moyens.
Entre-temps, elle a gravi les échelons et s’est taillé une renommée dans le milieu masculin et machiste de la police et du GCPD, tandis que le Joker semble s’être évaporé, mort peut-être. Jusqu’au moment où une série de meurtres théâtralisés et monstrueux s’abat sur la ville, faisant resurgir la terreur. Une chasse haletante commence alors, dans laquelle vont s’affronter des superprédateur·rices.
Joker/Harley : Criminal sanity explore la relation des deux anti-héro·ïnes sous un angle nouveau. En effet, si habituellement Quinsley est représentée sous la coupe du psychopathe, ici elle est au contraire au centre de tous les regards et porte littéralement le récit. D’une intelligence exacerbée doublée d’une intuition implacable, animée par une soif de vengeance, elle se lance dans une traque qui la mènera à la limite de la folie.
Dans ce comics aux illustrations photoréalistes saisissantes, on se perd dans les ruelles tortueuses de Gotham, on sent son humidité poisseuse et froide nous coller à la peau. Décors et personnages sont d’un réalisme à couper le souffle et l’approche criminologie est également très crédible et pointue. On découvre le passé des deux protagonistes lors de brèves éclipses temporelles : bribes d’enfances déchirées, abimées par les violences psychiques et physiques de parents incapables d’amour. Ainsi, les évènements présents sont en noir et blanc et entrecoupés de flash-back en couleur (cependant, les lumières restent néanmoins froides et artificielles, comme si la ville était toujours plongée dans la nuit ou dans un brouillard glauque). Autant d’atmosphères instaurant un sentiment d’angoisse oppressante, digne des plus grands thrillers tels que 7 de David Fincher ou encore la saga des Hannibal Lecter de Thomas Harris.
En mêlant enquête, suspens et crimes sordides, ce comics nous propulse au cœur d’une filature sanglante, prémices de la relation toxique du couple Harley-Joker. Avec son approche sombre et réaliste mise en exergue par une composition graphique léchée, il effleure la noirceur de l’âme humaine et la monstruosité tapie dans l’ombre, attendant son heure.
Urban comics
Collection DC Black Label
312 pages
Caroline