Construire une mythologie de l’horreur cosmique, c’est ce que semble avoir voulu proposer ici Adrian Tchaikovsky avec sa novellas « Sur la route d’Aldébaran » dans l’excellente collection « Une heure-lumière » du Bélial’.
Imaginez, qu’au confins de notre système solaire, alors que l’humanité cherche une nouvelle planète, dans la ceinture de Kuiper, nous trouvions un mystérieux artefact artificiel. Imaginez aussi qu’une expédition soit organisée pour partir explorer ce dernier, en découvrir plus et peut-être entrer en contact avec une race extra-terrestre. Enfin, imaginez que cet objet, ressemblant vaguement à une tête de grenouille, présente la même face, qu’importe l’angle suivant lequel vous l’observiez.
Mais ce n’est pas tout, car tout comme l’excellent Vision Aveugle de Peter Watts, l’équipe observe une entrée probable, et décide d’envoyer une équipe dans l’artefact. Une entrée proposant une gravité proche de celle sur Terre, et surtout avec de l’oxygène à son bord !
Vous la sentez venir l’embrouille ? Nous aussi ! Et le narrateur, Gary Rendell, dernier survivant de l’expédition initial revient sur les événements qui l’on mené là, à errer ad vitam dans l’obscurité habité des cryptes infinis du Dieu-Grenouille.
On va mettre les choses à plat de suite, cette novellas est une pépite, le texte est ambitieux, fin et intelligent. Le style de l’auteur est d’une richesse et d’un talent indéniable, et surtout, l’auteur ose s’amuser de ses lecteurs en nous jetant à la figure une imagination sans limite.
Ces dernières années, notamment grâce au travail du vidéaste ALT236 nous avons pris connaissance de pas mal de créations qui repoussent les limites de l’imagination du côté de l’étrange, nous assistons à un véritable foisonnement de créativité dans ce domaine. Ainsi, nous ne pouvons que jubiler quant au détour d’une salle d’une des cryptes nous tombons sur des bestioles que notre cerveau n’aurait jamais imaginez, tantôt par sa forme inattendue et absolument affreuse, tantôt par son esthétisme simpliste, ici l’auteur expose un bestiaire généreux et toujours étrangement inquiétant. La peur n’est jamais là où elle se situe et les altérations de gravité ajoutent à cet univers qui n’est pas sans rappeler le manga Berserk, le peintre Zdzisław Beksiński ou encore le film Event Horizon.
Mais Sur la route d’Aldébaran, est bien plus qu’une novellas d’horreur, l’auteur de « Dans la toile du temps » offre tellement plus. Ainsi les cryptes, tout comme des arènes deviennent des réflexions sur nos perceptions du réel ou encore sur notre rapport au vivant, ce qu’impliquent la découverte et l’appréciation de nouvelles formes organiques.
En conclusion, Sur la route d’Aldébaran, sans trop vouloir vous gâcher le plaisir de lecture ici, en en disant trop, est une petite pépite de l’imaginaire SF/horreur, il y a du Brian Evenson, du Clive Barker, mais aussi du Arthur C.CLarke ou encore du Frederik Pohl. Un vrai plaisir de lecture dont il serait dommage de se priver !
Le Bélial’,
Une heure-lumière,
Trad. Henry-Luc Planchat,
160 pages,
Ted.