La poésie de Claude Favre est traversée par le monde, autant par la plus grande misère que les plus belles joies. Sur l’échelle danser illustre une cavalcade qui se fait, haletante, pour mieux se réchauffer au creux des mots. Pour construire cette poésie, il faut une conscience de l’altérité, disparaître pour mieux laisser transparaître ce qui construit la lutte dans la poésie-même. Les mots de Claude Favre et ceux des autres auteurs-trices se tissent pour bâtir un refuge contre l’inadmissible, un souffle qui redonne de l’élan quand le plus froid hiver du monde sévit.
Sur l’échelle danser peut se lire ainsi, comme un manuel pour mieux s’armer face au désespoir. C’est ainsi que les mots brillent, qu’ils s’immiscent comme des cailloux dans les chaussures usés par la marche fatigante des injustices. Le titre choisit par Claude Favre dit déjà beaucoup sur cette posture, danser sur une échelle, danser malgré tout car la joie se trouve dans le par cœur qu’elle s’efforce de faire, en citant d’autres mots qui permettent de garder le souffle.
Claude Favre avance ainsi, en ne se résignant pas et ne voulant pas occulter la misère. L’espoir se trouve dans ces souffles et dans cette aptitude à se laisser traverser par l’intensité d’un monde capable du mieux. Quand nous lisons Sur l’échelle danser, nous percevons l’existence de cette ressource et ne nous résignons pas à broyer nos désespoirs ou les effacer à coup d’oubli volontaire ou de mièvrerie coupable. C’est ainsi que la poésie a du sens, à garder l’éveil, tenir sur une échelle et danser.
Mais il ne faudrait pas tomber dans l’excès de sens et l’étourdissement de valeur. Cette poésie est résolument libre puisque travailler avec et non contre l’humanité. Ce que nous lisons chez Claude Favre est d’abord le galop de la langue. Une liberté de ton, qui ne se borne pas à faire jolie ni à s’accommoder d’un sérieux trop engoncé. Sur l’échelle danser se lit comme une respiration, dans une expiration lente ou rapide. Ce qui en ressort est cette puissance généreuse transmise à chacun-e. Après lecture, nous pourrons ainsi réchauffer l’espoir à la température qui nous convient.
72p
Adrien