En plein cœur d’une forêt recouverte de neige, Léa s’active dans son chalet. Elle coupe du bois, cuisine des conserves et bricole pendant que son époux est parti pêcher pour la saison. Elle attend tranquillement chaque lettre de son Karl et guette son retour. Mais par-dessus tout, les parents se préparent pour un heureux élément : l’arrivée de leur tout-petit, prévue pour la fin de l’hiver.
L’attente est un petit album abordant la naissance d’un premier enfant avec beaucoup de douceur. Les illustrations composées d’aplats pastels et de personnages tout en rondeur apportent une ambiance réconfortante et cotonneuse qui donne envie de se lover au coin du poêle en compagnie de Léa. Bien qu’il soit court, il possède un rythme lent et très calme, et on le lit en prenant son temps. Rien n’est précipité : l’ourse tricote tranquillement maille après maille les habits pour son bébé, prépare sa maison pour créer un cocon où il fait bon vivre et voit son ventre qui s’arrondit petit à petit.
Un joli livre qui parle délicatement de patience et de maternité.
L’attente
De Stéphanie Demasse-Pottier et Eunjin Oh
Les éditions des éléphants
48 pages
Une mère et ses deux enfants font un voyage imaginaire. Lapins blancs lisant le journal et ours à bicyclette, poissons nageant entre les nuages et tapis volants sont au rendez-vous dans ce périple merveilleux à travers une cité onirique aux possibilités infinies.
Avec peu de mots et des illustrations fourmillantes et très riches, Imagine une ville nous plonge dans une dimension fantastique, où passé, présent et avenir se superposent. En mêlant rétrofuturisme et gravures, Elise Hurst nous invite à explorer un monde incroyable, où l’imagination est la seule limite. Dans cette Alice aux pays des merveilles contemporains, les protagonistes voyagent à travers un train à vapeur digne de l’Orient Express, admirent des tableaux sans cadre, d’où la peinture s’échappe et se fond avec la réalité… Ils croisent des animaux qui bouquinent et sirotent le thé en compagnie de gargouilles riantes.
Imagine une ville est remplie de trésors, et ses pages nous ouvrent les portes des rêves le temps d’une lecture.
Imagine une ville
D’Elise Hurst
Traduit de l’anglais par Christiane Duchesne
Éditions D’eux
32 pages
Alors qu’elle emprunte son chemin préféré habituel, une petite fille se fait soudain croquer par un loup. Elle a à peine le temps d’apercevoir son sourire plein de dents que… Plouf ! La voilà au creux de son estomac tout noir. Elle y découvre avec surprises tous les précédents Avalés, qui se sont tant bien que mal accoutumés à leur triste sort et vivent comme ils peuvent dans les entrailles sombres de leur dévoreur. Mais la gamine n’a pas envie de se laisser aller à cette lente digestio, ni à oublier le dehors ! Alors elle commence à s’agiter et à crier son mécontentement, ce qui a pour effet de provoquer gargouillement et maux de ventre au loup…
Réinterprétation du conte classique du Petit Chaperon rouge, Dans le ventre du loup est écrit à hauteur d’enfant. En effet, les tournures de phrases sont malicieuses et rigolotes (mais jamais puériles !), et une certaine poésie s’en dégage. Si les mots semblent tout droit sortis de la bouche d’une petite fille, il met en lumière des thématiques importantes à aborder avec les plus jeunes : l’entraide, le courage et la nécessité de s’exprimer lorsque l’on n’est pas d’accord ou lorsque l’on assiste à une scène qui nous révolte. Car ici, la fillette n’est pas que la simple victime passive de l’histoire originelle, elle quitte ce rôle pour s’emparer des rênes de son propre sort et de celui des autres personnages, les sauvant tous sans hésitation !
L’illustratrice crée des ambiances tranchées entre la prison des croqués et le dehors. Par exemple, la première est sombre, triste et vide, sans promesse d’avenir heureux tandis que le second est éclatant de soleil et de vie.
Le texte enjoué de Thomas Scotto et les images rondes et aux couleurs vives de Carmen Mok mettent de côté l’aspect effrayant du fauve dévoreur d’enfants, faisant de Dans le ventre du loup un moment de lecture amusant et plein de rebondissements !
Dans le ventre du loup
De Thomas Scotto et Carmen Mok
Éditions D’eux
32 pages
Léo et son père vivent dans une maison un peu de guingois, pleine de fuites et de courants d’air. Mais malgré ses particularités avec lesquelles ils ont appris à composer, ce foyer est le leur et ils n’en changeraient pour rien au monde. Mais autour d’eux, les petites résidences aux façades colorées et brinquebalantes sont remplacées par des immeubles en béton sans âme…
Hommage touchant aux maisons d’enfance, La maison bleue est remplie de nostalgie et de souvenirs. L’odeur des tartes aux pommes, le crépitement des vieux vinyles et la complicité entre le père et son fils émanent littéralement de cet album. L’autrice dresse le portrait touchant de ce trio papa-enfant-maison au travers d’illustrations riches en détail, où le regard se promène et s’attarde sur le bric-à-brac chaleureux de ce joli nid coloré. Elle y aborde la précarité avec bienveillance et subtilité, avec ce projet d’urbanisme et de gentrification qui frappe le quartier et chamboule tout, sans se soucier des habitants actuels. Les immeubles qui poussent comme des champignons et déracinent les vieilles habitations sont un mal qui défigure bien des villes. Cette déchirure d’un déménagement subit et non désiré, mêlant chagrin et colère, provoquée par la destruction d’une maison qui fait partie de la famille et que l’on nous force à abandonner, peut laisser beaucoup de remords. Mais Phoebe Wahl rassure malgré tout : la maison bleue restera à jamais avec Léo et son papa, et ils sauront la faire renaître dans leur nouveau foyer.
J’ai adoré ce livre : pour ses dessins vibrants et véhiculant une ambiance chaleureuse. Pour cette illustration d’une famille monoparentale débordant de complicité et enfin pour l’écho des maisons d’enfance qui résonne entre ses pages.
La maison bleue
De Phoebe Wahl
Traduit de l’anglais par Ilona Meyer et Caroline Drouault
Les éditions des éléphants
40 pages