Bande d’Ados propose une sélection de bandes dessinées aux styles graphiques et scénaristiques variés : suspens, écologie, aventure en famille ou encore paranormal, il y en a pour tous les goûts ! Parmi celles-ci, j’ai choisi deux titres aux ambiances très éloignées, mais tout de même réunies par une thématique commune : l’amitié.
Clara et son père viennent tout juste de quitter New York pour repartir de zéro en s’installant dans un petit village du Vermont. Sujette à des crises d’épilepsie soudaines, la jeune fille ne se sent pas à sa place dans ce nouveau décor qui lui semble bien morne et a du mal à s’intégrer dans son nouveau collège.
Reprochant à son papa de fuir sa tristesse suite au départ brusque de sa mère, elle s’enferme sur elle-même et se retrouve seule face aux ombres mystérieuses qui l’assaillent à chaque malaise…
Mais bizarrement, si le jour elle reste isolée, la nuit elle fait la rencontre de formes étranges, qui s’avèrent être d’autres ados de son âge, comme si ielles se réunissaient pendant leur sommeil dans un but bien précis ! Sans compter les disparitions d’enfants qui ne cessent d’augmenter depuis quelque temps… Et si tout était lié ?
Aux côtés de sa nouvelle bande d’ami·es, Clara va découvrir ce qui se cache réellement derrière ses fantômes noirs qui l’assaillent ainsi que la force de l’amitié et de l’entraide.
D’inspiration rétro et très 80’s, Clara et les ombres possède une esthétique qui m’a beaucoup plu et qui m’a évoquée celles que l’on trouve dans les films jeunesse de cette époque. Le trait fin, les personnages anguleux et la palette de couleurs automnales créent une ambiance légèrement Burtonienne, très agréable à lire.
Derrière l’aspect paranormal et fantastique de l’histoire, Clara et les ombres traite de thématiques douloureuses. En effet, les membres du groupe sont toutes et tous en proie à des problématiques difficiles, chacun·es avec leurs angoisses et leurs doutes. Abandon, grossophobie, racisme, maltraitance ou indifférence… Sans compter le harcèlement systémique dont ielles sont victimes au collège, en raison de leurs différences.
En filigrane, les auteur·ices abordent ainsi un large éventail de typologie de relation entre des parents et leurs enfants, mais aussi entre les adolescent·es, sensibilisant lecteurs et lectrices à l’ouverture d’esprit et à la vigilance face aux signes potentiels de mal-être chez autrui.
La personnification des craintes par des formes tortueuses et oppressantes fonctionne très bien, incarnant visuellement des sentiments que l’on peut avoir du mal à verbaliser. Clara et les ombres est une BD très prenante, mettant en scène une bande de filles et de garçons apprenant à faire de leurs particularités une force, préférant le pardon à la vengeance et prêt·es à se serrer les coudes pour percer à jour le mystère cauchemardesque qui menace leurs camarades.
Si comme moi vous aimez Les Goonies ou encore Peggy Sue et les fantômes, cette aventure vous plaira à tous les coups !
Clara et les ombres
D’Andrea Fontana et Claudia Petrazzi, traduit de l’italien par Marie Giudicelli
192 pages
Dans la puissante cité d’Oskars, les gratte-ciel côtoient les montgolfières. En son cœur, grand de plusieurs étages gigantesques, se dresse un bâtiment massif qui fait la fierté des gens qui y travaillent : le Centre de Télécommunications. Un jour, Hannah et son père ont l’honneur de le visiter. C’est alors que dans les recoins sombres, la fillette croit apercevoir quelque chose… Comme une ombre aux aguets, qui se cache et observe.
Elle est mise au secret par l’une des employé·es : il s’agit d’un jeune orphelin qui vit dans ici depuis tout petit, seul depuis que son père a été tué sous ses yeux. Intriguée et touchée, Hannah va décider d’être son amie, malgré la réticence et la méfiance du garçon à l’égard de quiconque tente de l’approcher. Petit à petit, elle parvient à gagner sa confiance, lui prouvant que derrière ses vêtements de riche héritière se cache une personnalité casse-cou et volontaire.
Malheureusement, les assassins du père d’Ever sortent également de l’ombre, pour lui cette fois-ci. En parallèle, c’est toute la ville qui semble devenir le théâtre de manigances aussi louches que dangereuses. Alors, qui sont les véritables allié·es, et de qui faut-il se méfier à tout prix ?
Dans La cité des secrets, Hannah et Ever brisent les strates séparant les classes sociales et se complètent l’un·e l’autre par leur différence de caractère et d’expérience. Virtuose des manettes et des poulies, le jeune garçon sait comment diriger les étages mouvants de l’immense structure, régis par des rouages complexes et cachés. Quant à elle, elle déborde de courage et de volonté et est prête à prendre tous les risques pour sauver son nouvel ami des griffes d’une étrange société secrète, marquée par un sceau aux trois yeux froids et perçants.
Ensemble, il et elle prennent la main sur la destinée d’une ville entière, déjouant les pièges et résolvant les énigmes les plus alambiquées, tandis que leur amitié se renforce au fil des pages. Victoria Ying puise dans l’imaginaire steampunk, l’intégrant dans les décors et dans l’intrigue avec beaucoup d’ingéniosité ! En effet, elle ne se contente pas d’uniquement créer des scènes et des costumes rétrofuturistes, elle s’en sert pour dépeindre un univers labyrinthique et mouvante, un puzzle monumental aux rouages cachés, aux puissantes guildes et aux secrets ancestraux.
L’autrice nous plonge dans une ambiance hors du temps, magique. Elle emploie des couleurs chaudes qui mettent en valeur la dynamique des cases, parvient à rendre attachants les personnages en quelques pages seulement et nous tient en haleine jusqu’au bout grâce au scénario très bien ficelé et ponctué de mystères. La cité des secrets est une série prometteuse, dont j’ai hâte de découvrir la suite.
La cité des secrets
De Victoria Ying, traduit de l’anglais par Sidonie Van den Dries
256 pages
Caroline