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780 NGF Thomas Giraud

Thomas Giraud – 780 NGF

Le nouveau livre de Thomas Giraud surprend pour plusieurs raisons. 780 NGF est édité par les Éditions Les inaperçus. C’est donc le premier livre de l’écrivain à paraître autre part qu’aux Éditions La contre allée. Puis le livre ne s’inscrit pas dans cette série de livres ayant pour démarche de parler de la vie d’un homme, partir du réel pour y explorer ce qui en fait la particularité. Mais on retrouve dans 780 NGF la subtilité de cet écrivain où il transmet avec finesse les émotions et dessine d’une ligne claire les sentiments humains. 780 NGF est une histoire d’amour, une fiction où se mêle la réalité d’un territoire et la beauté d’une vie amoureuse confrontée à la mort. Ce qui étonne également, c’est cette narration à la première personne provenant d’un personnage féminin.

Le paysage est ici décrit dès les premières phrases comme traditionnel et typique. Thomas Giraud inscrit son histoire d’amour au lac de Serre-Ponçon ou les villages de Savines et Ubaye furent engloutis pour créer un barrage hydro-électrique. Le village d’Ubaye fut déplacé à la côte 780 NGF (initial de nivellement général de la France) pour se déposer près du lac. Et c’est donc dans ce traditionnel paysage de montagne fabriqué par l’Homme que se déroule une autre tradition littéraire, celui d’une histoire de deux amants que vient bouleverser les eaux du lac. Le cimetière d’Ubaye a dû être déplacé et Thomas Giraud trouve dans cette anecdote un moyen d’évoquer ce qui relie des amants au-delà de la mort.

Les amants s’appellent Angèle et Andrea. Ce dernier est mort en montagne avant la construction du barrage. Angèle va connaître une étrange cérémonie où elle retrouvera Andrea. 780 NGF se construit à rebours, comme remontant le fil du temps pour mieux laisser la voix d’Angèle déroulée sa plainte. Il y a quelque chose du chant dans ce court roman de Thomas Giraud, d’une plainte lancinante qui se fait en sourdine, les émotions recouvertes par le trouble de l’eau du lac. Nous pouvons penser à un autre livre récemment écrit par Joy Sorman et Maylis de Kerangal où il était déjà question de barrage et de villages engloutis. Mais chez Thomas Giraud, il n’y a aucun fantôme. La mort n’est pas le lieu de fantasmagorie ou autres étrangetés.

780 NGF s’inscrit dans le traditionnel récit d’amour où la séparation fait le fil conducteur de la lecture. Thomas Giraud fait une transition vers d’autres techniques littéraires pour finalement revenir à ce qu’il y a de plus simple et de plus beau dans une histoire. Il use de sa subtilité pour mieux mettre à jour ce qui fait l’incroyable persistance des sentiments. Même si on ne l’attendait pas dans cette veine-là, l’écrivain se démarque avec délicatesse et sans brusquerie d’une série de quatre livres. 780 NGF peut se voir comme une nouvelle étape, mais sûrement pas comme un point final. On peut espérer retrouver sous sa plume d’autres histoires toujours puissamment évocatrices.

 

Éditions Les Inaperçus780 NGF Thomas Giraud

56p

Illustré par Renaud Buénerd

Adrien

À propos Adrien

Passionné de poésie contemporaine et attaché à l'écriture sous toutes ses formes, engagée ou novatrice.

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