La Terre regorge d’un écosystème stupéfiant, dont le fragile équilibre a été trop longtemps relégué au second plan par une grande partie des sociétés humaines. Aujourd’hui plus que jamais, il me tient à cœur de partager des lectures célébrant le règne animal, de parler de livres qui sensibilisent sur l’urgence de sa préservation. Et comme il n’y a pas d’âge pour commencer à se passionner pour la nature, rien de mieux que des albums jeunesse pour traiter de ce vaste sujet ! Alors voici une sélection qui aborde aussi bien les animaux qu’il devient impératif de protéger les habitats, ceux qui ont disparu pour toujours, mais également les représentants d’espèces qui existent peut-être (mais pas sûr) !
Les fables et les légendes du monde entier sont peuplées d’animaux. Protagonistes tour à tour malicieux, sages ou bien puissants, ils servent souvent à imager notre propre société et notre rapport à autrui.
Pourtant, bien qu’ils soient représentés gambadant au cœur de forêts luxuriantes ou de majestueuses savanes, leur réalité est tout autre. Aujourd’hui, les loris deviennent les coqueluches des réseaux sociaux, les pangolins sont braconné sans relâche pour les soi-disant vertus de ses écailles et les timides kiwis sont menacés.
Izumi Mattei-Cazalis s’inspire de contes puisés aux quatre coins du globe qu’elle réécrit et illustre sous la forme de petits livres à collectionner mettant chacun en avant une espèce en voie de disparition et aux caractéristiques étonnantes.
Au cours des trois premiers volumes parus, on découvre des histoires merveilleuses et porteuses de sens. Ainsi, on apprend que le pangolin avait une fourrure soyeuse et épaisse et a dû revêtir un solide manteau d’écailles suite au coup bas d’un ratel rusé et bien mauvais perdant. Le kiwi accepta de céder ses ailes et sa capacité à voler pour sauver la forêt d’insectes qui menaçait de la dévorer. Quant au loris, il a appris à se mouvoir discrètement comme un serpent et à se dresser de manière aussi intimidante qu’un cobra, mais également à sécréter un venin pour se défendre !
On retrouve des codes similaires d’un tome à l’autre, comme la présence d’une divinité supérieure et juste, un dessin jouant sur des superpositions et des motifs végétaux foisonnants. Les histoires possèdent des morales esquissées avec finesse et intelligence, s’inspirant des spécificités attribuées aux différents animaux qui la peuplent.
À la fin, le livre se conclut avec quelques lignes sur leurs comportements : on apprend notamment que le grand indicateur est une espèce qui travaille en collaboration avec le ratel afin de casser la croûte, ou que le pipiwharauroa est en quelque sorte le coucou de la Nouvelle-Zélande, car il dépose ses œufs dans le nid d’autres oiseaux !
Mêlant anecdotes incroyables et contes ancestraux, cette série propose de se sensibiliser à la cause animale avec créativité et intelligence.
De Izumi Mattei-Cazalis
Éditions A2Mimo
32 pages
Lors de ses voyages autour du globe, le professeur O’Logh a recensé avec soin certains des plus incroyables et exotiques spécimens vivants que l’on puisse imaginer. Malheureusement, il s’avère qu’il a disparu en plein cœur de la jungle Korowai, ne laissant derrière lui qu’un carnet retranscrivant ses précieuses observations.
Ce sont ces dernières que nous avons le plaisir et l’honneur de découvrir dans Les animaux qui existent peut-être, un bestiaire fantaisiste débordant d’inventivité pour lequel j’ai vraiment craqué ! Chacun a droit à sa propre double page descriptive agrémentée de dessins savoureux, de courts strips et d’anecdotes pliantes. Par exemple, on peut y voir un Gloubicéphale chassant des hot-dogs sauce cheddar ou bien y lire les différentes utilisations que l’on peut faire d’une Limousse au quotidien.
Découpé en 9 classifications surnaturelles (les animaux doux au toucher, surnaturels, ceux qui font des trucs dégoutants, pas sympas, louches, qui bavent, qui chantent faut, pas inutiles, qui ne volent plus), l’album tient du documentaire délicieusement saugrenu et est porté aussi bien par les textes que les illustrations, qui débordent tout·es deux d’un enthousiasme contagieux. En effet, les aquarelles colorées de Jean-Baptiste Drouot répondent au récit de Stéphane Nicolet, qui emploie par ailleurs un vocabulaire assez riche apportant un décalage tordant à l’ensemble.
En s’inspirant des encyclopédies zoologiques très sérieuses, ils jouent et s’amusent à concevoir des créatures à la fois improbables et mignonnes et invitent les jeunes lecteur·rices à en faire autant, en inventant leur propre animal qui existe peut-être tout en imaginant son environnement naturel et ses habitudes.
De cette adroite symbiose bourrée d’un humour loufoque résulte un album à avoir impérativement dans sa bibliothèque pour briller en société.
De Stéphane Nicolet, illustré par Jean-Baptiste Drouot
Little Urban
84 pages
Aux grés des siècles, le règne animal a vu croitre ou s’éteindre certaines de ses espèces. Dans un nouveau tome de sa collection consacrée à la richesse de notre faune, l’autrice Barbara Taylor regroupe pas moins de trente-six animaux, décimés le plus souvent par l’Homme. Du Xerces de Californie pas plus grand qu’un ongle à l’imposant Moa géant des îles du Sud qui atteignait les 3 mètres 60, en passant par les célèbres Dodo et Tigre de Tasmanie, Le livre extraordinaire des animaux disparus illustre parfaitement la beauté de la nature et l’impact que lui porte l’activité humaine.
Aussi bien majestueux par son format que par les dessins au réalisme saisissant effectués par Val Walerczuk, cet album évoque les anciens atlas zoologiques ou encore l’Histoire naturelle des oiseaux de Buffon.
Chaque espèce est présentée sur une double page agrémentée d’explications claires, d’une fiche informative résumant le lieu de vie, l’alimentation et la taille comparée à la nôtre. Cela permet notamment de s’imaginer à quel point il devait être impressionnant de croiser une Rhytine de Steller, un paisible mammifère aquatique broutant les fonds marins grand de 9 mètres !
Parfait pour devenir incollable sur ces créatures à plumes, poils et écailles, ce bestiaire met surtout en avant les ravages du braconnage, de la chasse intensive ou encore de la destruction d’habitats naturels. En effet, ce sont ces facteurs qui ont signé la disparition accablante de tous ces animaux et, de nos jours, il est plus que jamais primordial de veiller à la préservation des espèces vivantes en apprenant à les observer et à les protéger.
De Barbara Taylor et Val Walerczuk
Traduit de l’anglais par Emmanuel Gros
Little Urban
80 pages