Shaun Hamill est un peu l’énigme de la collection Albin Michel Imaginaire. Détonnant avec les reste de la collection imaginaire de l’éditeur, il peut paraître difficile de classer cet auteur originaire d’ Arlington au Texas. Un passionné de littérature fantastique et d’épouvante, élevé à Lovecraft et qui s’est astreint à une culture de genre, mêlant érudition et passion. Il a un Bachelor of Arts de l’Iowa Writers Workshop. Ses nouvelles ont été publiées dans Cave Magazine et Spilt Infinitive.
Un parcours singulier, pour un auteur définitivement à part, son premier roman, Cosmologie de monstres, vient tout juste de sortir en format poche chez Le livre de poche, après avoir eu un certains succès d’estime lors de sa publication en grand format.
Nous découvrons la famille Turner. De la rencontre entre le père et la mère, puis les trois enfants, de l’enfance à l’âge adulte. De l’insouciance à la disparition d’un des enfants. De la petite maison de famille, à l’attraction de maison hantée conçut par le père, puis repris par le reste de la famille.
Nous suivons la vie d’Harry, Margaret, Sydney, Eunice et Noah. Ce dernier offre une particularité singulière. Il a un monstre comme ami, qui lui rend visite chaque nuit, et l’accompagne dans sa vie.
Au-delà de l’hommage référencé et joliment distillé à Lovecraft, Cosmologie de monstres, est un excellent premier roman. Proposant une relecture et réinterprétation du fantastique et de l’horrifique. Jouant allègrement avec la psychologie et les névroses pour, par petite touche, pour justifier le fantastique dans son histoire.
Un récit tout en subtilité, donnant corps et profondeur aux personnages, disséquant la famille, le lien et l’héritage. Ce qui invariablement renvoi à une maîtresse du genre : Shirley Jackson. Nous pouvons aussi évoquer le maître de l’horreur, puisque tout comme un Stephen King, l’auteur apporte énormément au récit par l’empathie qu’il sait insuffler dans sa narration, que pour appuyer son propos et développer un univers fantastique aussi fascinant que mystérieux.
Ce qui donne un premier roman aussi agréable à lire, qu’impressionnant par la maturité et la maîtrise de son histoire. En évitant les écueils de surenchère, dans le pathos ou le grotesque, Shaun Hamill a su garder ce précieux équilibre entre servir son histoire et ne pas trop en dire, pour maintenir ses lecteurs en haleine jusqu’à la toute dernière page.
Notons au passage, que l’auteur fut comparé à John Irving par le maître de l’horreur himself. Mais oubliez ce propos. Shaun Hamill fait du Shaun Hamill, et nous pouvons ressentir son univers, son style et ses obsessions dès les premières pages. Notamment en jouant énormément avec la frontière séparant le bien du mal.
En bref, vous l’aurez compris, Cosmologie de monstres, est un premier roman réussi, agréable et convaincant. Son histoire est intéressante et ne souffre pas de sa fougue première, que l’on peut souvent reprocher aux premiers romans de nombreux auteurs. Une maîtrise et une écriture déjà parfaitement établies, laissant entrevoir des futurs romans aussi passionnant à lire que celui-ci. Une découverte surprenante et prenante, un auteur à suivre.
Le livre de Poche,
Trad. Benoit Domis,
512 pages,
Ted.