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Mary Shelley & Sandra Hernández – Frankenstein

Promise à un destin doux et paisible auprès de son fiancé et de ses proches chéris, Mlle Frankenstein décide de poursuivre ses études scientifiques en Allemagne suite au décès de sa mère. Se passionnant également pour la philosophie naturelle et le secret de la vie, elle continue ses avidement ses recherches malgré les regards méprisants de ses camarades. Seule femme au milieu de ce microcosme entièrement masculin, la jeune aristocrate se plonge à corps perdu dans ses expériences. À partir de matière boueuse et de morceaux de cadavres, elle parvient à modeler une créature humanoïde, insufflant alors le souffle de vie à l’inerte. Épouvantée par la difformité et la monstruosité de sa propre création, Frankenstein s’enfuit au cœur des montagnes suisses pour retrouver un peu de réconfort auprès des siens.

Mais son passé la rattrape de la plus cruelle des manières : souffrant du rejet de sa créatrice, jeté malgré lui dans un monde où il n’a pas sa place, le colosse bourbeux tiré des entrailles du silence n’a de cesse de la traquer. Semant la mort sur son chemin dans une quête de vengeance, il poursuit celle qui l’a modelé pour immédiatement l’abandonner.


Monstre couturé, façonné à partir de cadavres profanés et réveillé par la foudre, la créature de Frankenstein est une figure incontournable de la littérature gothique et horrifique. Écrit au début du XIXe siècle par Mary Shelley, le roman épistolaire Frankenstein ou le Prométhée moderne se voit aujourd’hui remanié sous les couleurs de Sandra Hernández. Dans son adaptation de ce classique des centaines de fois revisité, elle propose une approche placée sous le prisme du féminin, superposant l’aspect maternel à celui du divin. Son génie ne lui a apporté ni gloire ni mérite, mais la plonge au contraire dans une existence tourmentée, une lente agonie psychique où elle va tenter de fuir son hideuse progéniture jusque dans les tréfonds de la banquise. 

Fruit d’un savoir corrompu et aberration de la nature, celui-ci souffre d’un profond désir de vengeance. Rejeté dès son premier souffle, il incarne à lui seul toutes les turpitudes de la condition humaine, cruel miroir renvoyant le reflet implacable de celle qu’il hait autant qu’il aime.

Grâce à un esthétisme léché emprunté aux années 80, une découpe très mise en scène et des teintes contrastées, tour à tour sombres et psychédéliques, Frankenstein envoûte dés les premières pages. Sans se défaire de la dualité entre horreur et humanité, survie et persécution, il révèle les facettes les plus sinistres et lumineuses de l’intelligence comme de l’âme tout en soulevant l’opposition qui souvent confronte l’éthique à la science, quand hommes et femmes se prennent pour Dieu.

Traduit de l’espagnol par Léa Jaillard
Bang éditions 
56 pages
Caroline

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Chroniqueuse

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