Au cœur du paysage méditerranéen sous un soleil de plomb, un personnage audacieux, Cécile, une jeune adolescente qui découvre cet été là les enchantements des premiers baisers ; le sel de l’amour, et ses revers. Elle observe aussi son père, jeune veuf élégant, cultivé et fortuné, s’engourdir dans un triangle amoureux qui se finira de la plus macabre des manières. Elle apprend que l’amour peut engendrer douleur, peur et tristesse. Que les apparences ne sont souvent pas du tout ce qu’elle peut croire.
Anne, femme brillante, distinguée et cultivée, amie de sa défunte mère, joue un rôle de tutrice envers la jeune Cécile, qui l’admire tant. Quand cette dernière réalise le rapprochement entre son père et la belle Anne, elle ne supporte pas l’idée de perde la vie stable et tranquille qu’elle menait jusqu’à présent avec son père.
Sa relation complice avec son père à la fois salvatrice et destructrice pour quiconque pourrait les approcher nous fait nous demander jusqu’où aller pour sauver quelqu’un que l’on aime. En s’immisçant dans des histoires dont elle ne peut encore comprendre la profondeur et se prenant au jeu d’une crédule intrépidité ; Cécile se rend coupable de bien des vices, jusqu’à un point qu’elle n’aurait jamais pu imaginer. Un questionnement sur le pêché, l’égoïsme de la jeunesse et ses conséquences. Elle découvre que ses actes ont un impact puissant sur les autres, qu’elle fait à présent parti de l’équation humaine.
Quand j’avais atteint un être, c’était par mégarde. Tout ce merveilleux mécanisme des réflexes humains, toute cette puissance du langage, je les avais brusquement entrevus. Quel dommage que ce fût par les voies du mensonge. Un jour, j’aimerais quelqu’un passionnément et je chercherais un chemin vers lui, ainsi, avec précaution, avec douceur, la main tremblante…
C’est la fin de l’insouciance et de la légèreté, entre la maison de son premier amour et la villa de son père, elle tissera au fil de ses aller-retours secrets une machination égoïste et mortelle. Elle apprendra que jouer avec les sentiments d’autrui est jouer à un jeu dangereux.
Sur un fond de nostalgie des sixties et surfant sur une certaine vague de liberté à l’époque, Cécile comprends alors les enjeux profonds des relations conjugales.
Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. C’est un sentiment si complet, si égoïste que j’en ai presque honte alors que la tristesse m’a toujours paru honorable. Je ne la connaissais pas, elle, mais l’ennui, le regret, plus rarement le remords. Aujourd’hui, quelques chose se replie sur moi comme une soie, énervante et douce, et me sépare des autres.
Du long de ses 152 pages, ce roman d’une exceptionnelle maturité, comme un aveu, se tient aujourd’hui en digne héritier de l’éducation sentimentale de Flaubert. C’est en 1954, à 18 ans à peine que Françoise Sagan livre ce roman, provoquant un scandale foudroyant. Elle s’installe alors en haut de la pyramide des auteurs de l’époque et est récompensée par le prix des critiques.
Edition: Pocket Jeunesse
152 pages
Johana