Olivier Bourdeaut – En attendant Bojangles

Après la première publication de la  chronique en 2016, En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut est une nouvelle fois le sujet de ce magazine littéraire. A la lecture de ce chef d’œuvre éditorial, une nouvelle réflexion est apportée. En attendant Bojangles est une ode à l’amour et à la folie. C’est une œuvre qui flotte entre réalité et féérie.

Olivier Bourdeaut plonge le lecteur dans la vie fabuleuse d’un couple et de leur petit garçon. Ils tentent de préserver leur enfant de la réalité en lui racontant des histoires, toutes plus absurdes les unes que les autres, lui créant un monde imaginaire où tout est possible, tout en lui laissant le loisir d’y croire ou non. Ce petit garçon raconte purement et simplement son épanouissante enfance au milieu de toute cette magie, que sa mère tente d’alimenter. C’est une femme insouciante et extravagante qui vit chaque nouvelle journée comme une fête. Elle va à l’encontre des normes, fabuleusement incapable de suivre les règles de la société. C’est une femme positive et pleine de pureté qui entretient une relation ambiguë avec la réalité, dansant intensément sa vie sur la même musique de Nina Simone.

« Allons nous marier tout de suite, sinon après nous allons oublier »

Le père, quant à lui, est très certainement le personnage ayant le plus les pieds sur terre. Il vit pour sa femme, et lui donne « les moyens de vivre de ses démences et de ne se préoccuper de rien ». Il était destiné à une toute autre vie, rangée et sans fantaisie. Cependant, il a fait le choix de la lier à celle de cette grande dame.

« Elle avait donné un sens à ma vie en la transformant en un bordel perpétuel »

Cet amour prend les airs de la théorie des âmes sœurs, trouvée et expliquée dans Le Banquet de Platon. Théorie selon laquelle, à l’origine, les êtres humains seraient faits de quatre bras et quatre jambes, ainsi que d’une seule tête. Zeus, par crainte, les aurait alors coupé en deux, les condamnant à rechercher leur partie manquante toute leur vie. La rencontre des deux amants se fait sous la lune, dans l’humour et la folie. Une rencontre en cohérence complète avec la relation qu’ils entretiennent. Olivier Bourdeaut les expose comme des âmes prédestinées à se rencontrer, l’un existant grâce à l’autre, comme le Ying et le Yang.

« Cette folie lui appartenait aussi, elle ne pouvait exister que s’ils étaient deux pour la porter »

L’écriture de l’auteur est parfaitement maîtrisée, projetant le lecteur dans une atmosphère enchanteresse, tout en gardant un soupçon de réalité. Les phrases simples utilisées pour la vision du petit garçon permettent de transmettre l’émotion tout aussi simplement au lecteur. C’est l’émotion d’un enfant qui voue une admiration sans faille à sa mère. L’émotion d’un enfant qui raconte candidement l’amour splendide et indéniable que ses parents ressentent l’un pour l’autre.

Olivier Bourdeaut offre au lecteur une opportunité de réflexion sur la créativité et l’originalité présentes dans sa vie. Il rappelle que la conformité peut étouffer le grain de folie qui peut rendre notre existence extraordinaire. C’est certainement une lecture incontournable pour ceux qui souhaitent plonger dans un monde autant décalé que poétique.

Éditions Folio 

176 pages

Maïténa.