Voici la suite, si nous pouvons parler de suite, de la série de livres entamés avec « La victoire des sans roi » ( 2017) puis avec les sorties de « Sycomore Sickamour » ( 2018) et « L’enquête infinie » ( 2021). « Le secret de la société » continue le voyage proposé par Pacôme Thiellement au travers de l’histoire, de l’art et de la culture, afin de nous proposer une relecture exégétique de notre monde.
Il est d’ailleurs intéressant de souligner, que tout dans l’œuvre construite par l’auteur se répond et se complète. Ainsi même les vidéos proposées sur la chaîne Youtube Blast – La fin du film & L’Empire n’a jamais pris fin – viennent en échos aux livres de l’auteur.
« Tout pourrait changer, mais personne ne le veut vraiment »
« Le secret de la société » est le livre politique de Pacôme Thiellement. Ici l’auteur dans un préambule dantesque, vient nous parler du fonctionnement de cette dernière, de ses dysfonctionnements et de son immobilisme, poussant certains à la conspiration et au complot. Nous sommes en territoire connu, nous sommes bien dans un livre de l’exégète mystique le plus incroyable qui existe.
Mais petit à petit son nouveau livre se déploie, ouvre ses bras ( Ses tentacules?) pour nous dévoiler par l’exemple le fond de sa pensée. Et cet exemple, nous l’avions senti venir, que ce soit sur Youtube avec son émission « La fin du film » ou encore dans son monumental « L’enquête infinie ». Tous les chemins mènent à Rome, toutes les idées mènent chez Jacques Rivette.
Car « Le secret de la société » propose de plonger dans une analyse passionnante et passionnée des films du réalisateur. Nous proposant une relecture de « Paris nous appartient », « Out 1 », « Céline et Julie vont en bateau », « Le pont du nord »… pas tous les films bien entendu, car ici nous ne sommes pas dans une rétrospective. Mais LES films marquant du réalisateur, pour révéler en profondeur le propos d’un réalisateur hors norme.
Pacôme Thiellement ne se contente pas de nous résumer les films, ici, Thiellement fait du Thiellement, et il fait dialoguer l’œuvre de Rivette avec les écrits de James Barrie, Simone Weil, Balzac, Marx et Hegel ( pardon Marx vs. Hegel), Jean Renoir, Antonin Artaud, Jean-Jacques Rousseau ou encore Rainer Werner Fassbinder.
Et c’est ainsi qu’au fil des pages, tout comme Alice plongeant dans le terrier du lapin blanc, Thiellement par son déploiement, ses dialogues et les résonances qu’il met en évidence, arrive à son propos principal à sa lecture ambitieuse et tellement pertinente des œuvres de Rivette, comme un écho de notre société moderne et emprunt d’un immobilisme total.
Car l’auteur, au-delà de son analyse, au-delà de son style, de sa manière de faire, se veut avant tout et surtout critique sur l’état de la chose politique actuel, et parvient à nous faire ressentir ce cheminement que nous nous évertuons à éviter, alors que nous aurions tout à y gagner.
Le secret de la société est passionnant, instructif, pertinent, grisant, en bref c’est du Pacôme Thiellement, et comme tout ce qu’entreprend cet auteur, c’est une réussite.
Editions PUF,
416 pages,
Ted.