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Couv Rainsford

Sue Rainsford – Jours de Sang

Voici le tant attendu retour de Sue Rainsford. Autrice dublinoise, Diplômée du Trinity College et de l’IADT, Sue Rains20ford reçu un succès critique et public à l’internationale comme en France pour son premier roman « Jusque dans la terre ».

Nous y découvrions une autrice à l’univers et au style déjà fortement prononcés, et qui n’était pas sans rappeler un certain Neil Gaiman ou encore l’autrice Ariadna Castellarnau. Ce qui fut une belle découverte et la promesse d’un nouveau nom sur lequel compter parmi la cohorte de nouveautés.

Ce qui en toute logique devait arriver, arriva, le tant attendu second roman est enfin disponible aux éditions Aux Forges De Vulcain. Le sobrement et énigmatiquement intitulé « Jours de sang ».

Dans un lieu inconnu, ressemblant vaguement à une commune anglaise. Nous suivons plusieurs protagonistes, mais plus particulièrement un frère et une sœur jumelle. Anna et Adam. L’un monte la garde le jour, l’autre la nuit. Dans cette terre semblant à l’abandon, ou tout semble en suspens, une apocalypse a eu lieu. Un changement radical. Pandémique. Dans cette communauté restreinte, le temps se déroule lentement. Dans l’attente d’une nouvelle catastrophe.

Les jumeaux se croisent à l’aube et à l’aurore, se raconte la journée ou bien la nuit. Et entre, nous découvrons par ellipse le passé de ce lieu, de ses habitants, de cette pandémie qui fut à l’origine de tout. Puis un jour une nouvelle personne arriva.

Un passage de l’étape du second roman passionnant. L’autrice a su approfondir son style tout en cherchant à élargir son univers.

Ainsi, le côté intimiste proposé dès « Jusque dans la terre » se retrouve à dialoguer avec un ensemble plus vaste. Le rapport physique et mystique à son univers s’élargit pour gagner en profondeur. Son livre devient plus vaste malgré l’unique lieu, plus bruyant malgré le silence.

Car « Jours de sang » se déploie, il parcourt notre psyché pour venir faire vibrer des zones grises que peu d’auteur.ices savent stimuler. Nous pensons évidemment à Jeff VanderMeer ou bien encore Alan Moore, et effectivement, il y a une filiation. Mais là où les deux auteurs cités tentent invariablement de donner de la hauteur à leurs œuvres, Sue Rainsford cherche, et même nous contraint, à plonger dans la terre, à gratter le sol, à goûter l’humus et boire le sang qui s’écoule. Ce qui au-delà de tout approche philosophique et mystique, nous propose de ressentir dans nos tripes l’histoire d’Adam et Anna.

« Jours de sang » est un second roman passionnant, jouant sur les ellipses, appuyant sur l’effet d’égarement et sur le non-dit, pour nous proposer une histoire qui vient nous percuter de par son apparente noirceur et ses petites touches lumineuses.

Magnifiquement traduit par Francis Guévremont, « Jours de sang » confirme toutes les promesses que nous avions eues à la lecture de « Jusque dans la terre ». Sue Rainsford fait partie de cette nouvelle vague d’autrices, au côté d’Ariadna Castellarnau, qui ose explorer la noirceur pour en faire ressortir toute la profondeur de la lumière.

Aux Forges de Vulcain,
Trad. Francis Guévremont,
368 pages,
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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