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Michel Nieva – L’enfance du monde

Nouveau nom de cette rentrée littéraire, Michel Nieva fait son arrivée dans le champ littéraire en France grâce aux éditions Christian Bourgois. Auteur argentin, ayant déjà trois romans et quelques essais à son actif, nous savons peu de chose sur ce dernier, si ce n’est un prix reçu en 2022, un parcours classique, mais au-delà, c’est l’opacité.

« L’enfance du monde », troisième roman de Michel Nieva, superbement traduit par Sébastien Rutés. Il est accompagné d’un essai sur la « science-fiction et le capitalisme ».

Ici, nous suivons un enfant dans une Argentine futuriste, et qui s’est pris le réchauffement climatique de plein fouet. Imaginez, monter des eaux, au point de rendre la géographie du pays méconnaissable, le pôle sud est devenu habitable, le néolibéralisme hégémonique, voir religieux, où les potards auraient été poussé à onze, bref, un possible devenir de notre modèle de société contemporaine.

Mais ici, ce n’est pas tout, il y a cet enfant. Il a une particularité morphologique, il est un moustique. Né d’une mère humaine, et d’un père inconnu, ce dernier grandi avec ce corps à part, et subit fatalement, toute la maltraitance que lui impose sa particularité.

Dans ce récit, s’entremêle le destin de cet enfant Dengue avec d’autres protagonistes dressant en creux le portrait d’une société profondément déviante.

Dans « Science-ficiton capitaliste », l’auteur s’intéresse à l’appropriation cannibale de l’imaginaire SF pour construire sa mythologie corporatiste. Un essai qui parvient à montrer les ponts qu’on su créer les grandes fortunes pour faire croire à leur rêve mégalo et se permettre à peu près tout, du moment que cela fasse rêver.

Pour citer Mariana Enriquez, nous pouvons parler de littérature « Gauchopunk » ici. L’auteur semble, en effet, influencé par Le Guin, K Dick etc. Mais aussi, nous pouvons sentir en termes de stylistique un certain attachement à Chuck Palahniuk ou encore Bret Easton Ellis. Nous pouvons retrouver les tropismes caractéristiques à la littérature sud-américaine, cette tension permanente, ce rapport à la violence, ou encore ce réalisme quasi-magique.

Un mariage des univers qui donne une certaine fraîcheur au texte, et propose une alternative intéressante au traditionnel roman d’anticipation climatique.

« L’enfance du monde » de Michel Nieva est une superbe découverte, et espérons le rencontra son public. Une œuvre hybride, moderne et profondément ancrée dans son époque. Une lecture réjouissante par temps bruns pour questionner notre monde et tenter de le changer.

Editions Christian Bourgois,
Trad. Sébastien Rutés,
288 pages.
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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