Edward Bunker, Mr.Blue pour les fans de Reservoir Dogs, est la figure même de l’auteur « white trash » américain, même si on le classe plus volontairement dans les auteurs de romans noirs. Ce monsieur a un vécu tellement lourd que ses fictions en suintent par tous les bords. Il aura été multi récidiviste, gangster, élevé par l’état alternant maisons de corrections et centres d’éducation. Puis une fois adulte il ne s’arrêta pas là, non non ! Il fraternise avec les blondinets nazis, il s’évade deux fois et arrive même à passer deux ans en cavale. Un romantique en gros !
« Aucune bête aussi féroce » est très certainement son roman le plus « j’ai testé pour vous » d’Edward Bunker. L’histoire parle de Max Dembo, un taulard. En sortant de prison commence pour lui le parcours du combattant, la lutte pour ne pas sombrer dans la facilité de la délinquance, ne pas renouer avec le passé. Essayer de se resocialiser, de se construire une nouvelle image et d’entamer une vie normale. Mais comme vous vous en doutez ce n’est pas chose facile, surtout que le regard et le jugement des autres n’aident pas.
Roman noir de part l’histoire, mais roman classique et universel de par le contenu, la qualité d’écriture et la narration rappellent Céline, la trame philosophique renvoie à du Kafka et la sensation de suffoquer à cause de tout ce que l’humanité a de plus anxiogène de nos jours. Roman semi- autobiographique non avoué, « Aucune bête aussi féroce » révèle l’humanité d’un homme cherchant à se reconstruire mais n’ayant pas la possibilité de le faire.
Pour les plus curieux, il y a une adaptation cinématographique disponible, réalisé par Ulu Grosbard qui s’appelle « Récidiviste ».
446 pages
Rivages/noir
Ted