Abel Truman vit en reclus sur la côte Pacifique des Etats-Unis. Il partage sa vie avec son chien et ses souvenirs de la guerre de sécession, qui le poursuivent comme de vieux fantômes. Il a participé à l’une des batailles les plus dures du conflit, la bataille de la Wilderness. Un conflit âpre, dur et effrayant, qui laissera des traces sur le corps d’Abel et surtout dans son âme. Alors, quand deux étrangers volent son chien, Abel s’embarque à leur poursuite, quitte à rependre la voie du guerrier qu’il avait abandonné durant près de 30 ans.
Lance Weller fait partie de ces écrivains qui savent faire coller leur style avec la situation de leurs personnages. Pour nous dépeindre la solitude de son héros, il lâche alors près de quarante pages sans réels dialogues, même dans ses souvenirs de combat. La structure du récit alterne en effet entre les flashbacks de la guerre de sécession et le cours de la vie d’Abel Truman, trente ans après le conflit. Le moins que l’on puisse dire c’est que Lance Weller ne nous épargne rien de la dureté des combats : ici, point de héros courant dans le soleil couchant en abattant des ennemis par dizaines dans sa tenue immaculée. Non, ici tout est moche, sale, dangereux. Les soldats sont juste des hommes à deux doigts de perdre leur humanité, de devenir des machines. Et c’est particulièrement visible dans la partie « moderne » des aventures de l’ancien combattant.
Il y a certains livres qu’on a peur de finir, dont on a peur de quitter l’univers, parce qu’on sait qu’on ne retrouvera pas l’équivalent de sitôt. Et Wilderness fait partie de ceux-ci ! Des descriptions précises sans être pompeuses, la majesté de la nature en contrepartie de l’horreur de la guerre, toutes deux aussi fortes sans être aussi néfastes pour l’homme qui les affronte.
Ce livre est sans aucun doute le meilleur que j’ai lu en 2013, et probablement l’un des plus marquants de ma vie de lecteur.
344 pages
Éditions Gallmeister
Jérémy