La terre se meurt, le cycle des saisons est bouleversé, chaque heure, seconde, minute, est un combat contre la température qui affiche 100°, contre les vents pouvant aller à plus de 200km/h. Ils sont, pensent-ils, la dernière génération d’êtres humains à arpenter cette terre où le réchauffement climatique n’a été que trop brutal. L’humain, qui régresse au stade de prédateur, va vite se rendre compte que son principal ennemi est sans doute lui-même…
“On est revenu au Moyen-Age sur les ruines du XXIème siècle”.
Leurs quêtes parallèles, et pourtant similaires, insufflent au récit une écriture rythmée, dure. L’empathie pourrait s’avérer être le maître mot de cette œuvre, mais n’imaginez rien… vous allez en baver. Les personnages souffrent, se battent pour se nourrir, se défendre, garder cette humanité pourtant perdue. L’amour d’une mère prête à vendre son corps pour soigner son fils, la folie d’un Boutefeux sous l’emprise de drogues voulant purifier la terre par les flammes, la croyance intrinsèque d’une Espagnole en Dieu et ses Anges, le combat d’une solitaire pour sauver quelques espèces animales, vont vous amener à combattre avec eux, car dans leur combat vous trouverez des ruines d’humanité, des traces d’éducation, de morale, et d’éthique.
“Il n’y a plus de place ni de pitié pour les gens comme toi dans ce monde”.
Le style de l’Auteur, Ô combien truffé de véracité, amène une sincère réflexion sur ce que pourrait devenir l’homme dans plusieurs générations. Sur ce que l’homme serait capable de faire pour s’en sortir, prêt à tout pour être le dernier. Un message à cette élite, se pavanant de confort, s’oubliant dans l’obséquiosité, la luxure et la paresse.
Au fil de la lecture, Jean-Marc Ligny compose ici une de ses plus belles pièces. Ce roman m’a profondément bouleversé, et ces 4 jours intenses de lecture me laissent, encore, un goût amer une fois arrivé à la dernière page. Salvateur, ravageur, rude, intense, réel, un cocktail explosif d’émotions, une myriade de sentiments. Un Chef d’œuvre.
“Il n’y a pas pire prédateur de l’être humain que l’être humain”.
Va-t-on, comme Pradeesh Gorayan et sa famille, dans l’enclave sous dôme de Genève, poursuivre notre train-train comme si de rien n’était ?
Va-t-on, comme Mercedes Sanchez, en Espagne, se réfugier dans la religion et attendre des Anges venus du ciel qu’ils nous emportent au jardin d’Éden ?
Va-t-on, comme Fernando, le fils de Mercedes, rejoindre les Boutefeux et précipiter notre destruction dans une orgie de feu et de violence ?
Va-t-on, comme l’Italienne Paula Rossi, vendre corps et âme pour quelques médicaments ?
Va-t-on, comme Mélanie Lemoine, consacrer nos ultimes forces à sauver les derniers animaux ?
Va-t-on, comme le marin Olaf Eriksson et sa femme, fuir les îles Lofoten et chercher une terre un peu plus hospitalière, vierge de toute présence humaine ?
Pour le découvrir ils vous restent une seule chose à faire.
Courez chez votre libraire, mais attention … car “Ce qui était encore apocalyptique il y a vingt ans est devenu banal aujourd’hui”.