R.J. Ellory – Mauvaise étoile

Il y a des livres qui vous marquent. Parce qu’ils correspondent précisément à ce que vous cherchiez à lire à ce moment-là, parce qu’ils vous font ressentir des sentiments presque plus grands que ceux que vous pourriez ressentir dans la vie. Je ne sais pour laquelle de ces deux raisons (peut-être bien les deux en fait), mais j’ai gardé une tendresse toute particulière pour le premier livre de Roger Jon Ellory publié en France, “Seul le silence”. Ses autres livres m’ont beaucoup plu également, mais aucun ne m’a marqué autant que son premier opus. Alors, quand j’ai appris que son nouveau roman devait revenir à cette veine, je n’ai pu m’empêcher d’espérer et de frissonner à la fois. Espérer revivre ces sensations (ou tout du moins s’en approcher) et redouter l’argument commercial bateau “par l’auteur de”, “dans le style de”, “le nouveau…” (liste non exhaustive pouvant s’appliquer à tous les domaines artistiques). Tout ça pour dire que je suis rentré avec beaucoup d’espoirs et de doutes dans la lecture de cet ouvrage. Mais parlons un peu du livre.

Clarence Luckman et Elliott Danziger ont connu un départ dans la vie plutôt difficile: demi-frères, ils perdent leur mère très tôt et errent d’institutions en institutions. Elliott, aîné, déclenche bagarres et disputes tandis que Clarence, plus calme et posé, tente de canaliser et de calmer son grand frère. Mais le jour où leur chemin croise celui d’Earl Sheridan, condamné à mort pour meurtre et dangereux sociopathe, leurs destins vont s’entrechoquer et basculer, bouleversant leurs vies comme aucun autre événement auparavant.

Ellory est de retour! Le Ellory de “Seul le silence” Capable de consacrer autant de temps à introduire un personnage tué trois pages plus loin qu’à présenter un des plus importants protagonistes du roman. Le monde d’Ellory fourmille de détails, personne n’est anonyme dans cette Amérique rurale dans laquelle chaque personnage est le voisin, le frère, l’employé ou le patron de quelqu’un. Et dans ce pays fourmillant de vie, RJ Ellory introduit le hasard. Celui qui va placer les gens sur le chemin meurtrier d’Earl et de ses otages, celui qui va détourner des vies de leurs trajectoires, qui va en bouleverser et qui va en détruire.

Alors oui certains pourront trouver que le livre est un peu lent sur ses cent premières pages. Rien de soporifique, rien de mortellement ennuyeux, mais une présentation méticuleuse et nécessaire des différentes pièces du puzzle qui va se mettre en place puis exploser dans la suite du roman. La psychologie des personnages est incroyablement détaillée, leur évolution est plausible, analysée et décrite dans le moindre de ses raisonnements, même les plus incroyablement tordus et dérangeants.

J’aurais envie d’en dire tellement plus, mais il faudrait pour cela avancer un peu plus dans l’histoire, et donc vous priver du plaisir de la découverte de ce roman. C’est un grand, un beau et un magnifique roman, et pour une fois la promesse est tenue, ce livre est clairement dans la lignée de “Seul le silence”.

Editions Sonatine
600 pages
Jérémy
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