Je ne pensais pas cela probable.
Je pensais que cet auteur allait rester dans la grande fresque de mes écrivains préférés sans pour autant côtoyer le haut du tableau. Où se situe par exemple Patrick Rothfuss, Alain Damasio, James Barclay ou Tad Williams. Pourtant, après avoir littéralement englouti son dernier petit chef d’œuvre je dois bien me faire une raison. J’accueille un nouvel auteur dans ce panthéon, et il y tient une place de choix.
Maxime Chattam.
Autre-Monde.
J’avais déjà posté une chronique sur l’univers du grand monsieur, mais je dois bien avouer qu’elle ne représente pas, ou plus, l’étrange sentiment qui m’abrite depuis quelques jours. Ce genre de sentiment, profondément enterré depuis la lecture du Nom du Vent, qui vous galvanise.
La nature a sa volonté. La nature a sa conscience et celle-ci s’éveille après n’avoir que trop subie les fantasmes les plus fous d’hommes en quête de pouvoir, d’argent et de maîtrise. «Au diable la nature, qu’elle s’adapte donc à nos envies et nos folies, fussent-elles démesurées.».
Cependant celle-ci, à la manière d’une plante qui développe des épines pour repousser les prédateurs, laisse parler son instinct, sa conscience et procède au reboot le plus parfait.
Personne ne l’a vu venir. Le soir du 26 Décembre, les éléments se déchaînent, se vengent et la Terre bascule dans le chaos. En quelques secondes seulement des éclairs bleus, de longs filaments électriques, des conditions météorologiques inouïes, changent à jamais la planète.
Matt, un adolescent de quatorze ans se réveille un matin et constate les dégâts. New-York n’existe plus, les immeubles sont dévastés, les rues totalement vidées, tout le métal a fondu et les adultes ont disparus. L’aventure est lancée, il décide de partir à la recherche de ceux qu’il connaît, et sa priorité est de retrouver son meilleur ami, Tobias. Ensemble ils vont découvrir un univers auquel il ne s’attendait pas. Surtout que cet univers abrite désormais d’étranges choses, insignifiantes avant la tempête mais d’une tout autre trempe après le désastre. L’évolution dans l’ordre des choses. L’évolution liée à la rébellion.
Oubliez ce que vous connaissez de la planète et plongez dans ce que Maxime Chattam fait de mieux. Inventer. Car son univers repose sur des fondations d’une solidité incroyable. Tout est propre et calculé à sa plus parfaite mesure. L’auteur se complaît à donner un tout autre visage à notre bonne (vieille) planète et l’imagination débordante du monsieur fait le reste. La nature a repris le dessus d’une façon si rapide et spectaculaire que la découverte de celle-ci, via sa superbe plume, vous confère un pied énorme. Vous voyagerez, dans tout les sens du terme, et ce voyage là ne vous laissera pas indifférent. La faune et la flore, par leur symbiose, symbolise ce que l’homme a toujours refusé de faire, s’adapter et non contraindre.
« La réussite d’une production repose sur l’attention prêtée aux détails. »
Au fur et à mesure des tomes Maxime Chattam associe de manière inhérente l’évolution de sa plume à l’évolution mentale et physique des protagonistes. Ceux-ci doivent grandir désormais sans l’aide des adultes, qui sont devenus des monstres, physiquement et/ou mentalement parlant. Le récit gagne en profondeur et en richesse et l’ajout de lieux et de faunes, aussi diversifiés qu’imaginatives, pousse la saga encore plus loin dans ses retranchements.
À chaque nouvelle sortie, non loin de se satisfaire de l’univers pourtant déjà bien rempli, Maxime Chattam peaufine son œuvre à l’aide de détails parfaitement bien administrés. L’univers s’embellit et atteint un climax jouissif. Que demander de mieux ? À part peut-être que l’univers ne s’arrête jamais…
Neverland marque un tournant essentiel dans la saga. Sans aucun spoiler, bien entendu, l’auteur augmente encore un peu la dose d’aventures, d’actions et nous amène encore plus loin dans l’Europe, tout aussi dévastée que l’Amérique. Nos protagonistes gagnent en maturité et crédibilité et ce tome marque le début de la fin. Ce dernier tome qui me fera sortir définitivement de cette univers pourtant si salvateur.
Autre-Monde est une odyssée à la nature, Autre-Monde est un hymne au talent, à l’ingéniosité et à l’imagination débordante de celui que je considère déjà comme l’un des tournants de la fantasy française.
Autre-Monde est une épopée…