Vikar, crane rasé avec le tatouage de Montgomery Clift et d’Elizabeth Taylor sur l’arrière de sa tête, débarque à Los Angeles durant l’été 1969, des rêves de cinéma plein les yeux, s’attendant à vivre dans l’univers d’Hollywood. Mais c’est la déception qui l’attend car « La Mecque » du cinéma américain n’est qu’un lieu rempli de courants d’air et aucun résident d’Hollywood n’est aussi fanatique de cinéma que lui. Pire encore les citoyens semblent tous obnubilés par la musique au lieu de s’intéresser au cinéma. Drogue, sexe & rock n’ roll tel est le nouveau credo du coin. Fils d’un père autoritaire et porté sur la religion d’un Dieu qui tue ses fils c’est l’électrochoc pour Vikar (avec un K). Comment ce ciné-autiste va-t-il pouvoir étancher sa soif de ciné dans ces lieux, arrivera-t-il à rencontrer des personnes aussi passionnées que lui. Pourra-t-il se faire une place au soleil ?
Sorti en catimini en 2010 chez Actes Sud ce roman complètement loufoque, d’aventures hybrides et métaphoriques est un très bel hommage au cinéma des années 50,60 et 70. Délivrant des centaines d’anecdotes et de belles analyses de ce que le cinéma a pu faire de mieux. Car à travers l’histoire de Vikar nous découvrons l’envers du décor et comment a pu se construire certains films. Mais vu qu’il y a du génie dans ce roman ce n’est pas que ça et même tout le contraire, car vous découvrirez en même temps une puissante satire sur l’Hollywood fantasmé et son envers beaucoup moins pimpant. Et c’est encore une fois à travers l’évolution de Vikar, à travers sa vision simpliste que le lecteur évolue et assiste à cette magie « foireuse ».
Steve Erickson avec Zéroville (d’ailleurs le titre est un hommage à Alphaville de Godard) mérite d’être plus mis en avant. On parle souvent de très grosse claque littéraire avec « Karoo » de Steve Tesich, « L’Effacement » de Percival Everett ou même « La seconde vie de Preminger » de Stanley Elkin, mais quand nous ouvrons la première page de Zeroville et qu’on se retrouve aspiré dans ce fiévreux conte moderne nous avons vite fait de penser qu’on a encore rien vu.
Absolument un gros coup de cœur !
Actes Sud
365 pages
Ted